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Près de trois ans après son arrestation, le réalisateur russe Kirill Serebrennikov a été condamné vendredi à une peine de trois ans de prison avec sursis pour détournements de fonds, dans une affaire jugée politique par ses partisans.

Le réalisateur Kirill Serebrennikov, figure du milieu artistique russe et connu pour son film "Leto", a été condamné à une peine de trois ans avec sursis pour détournement de fonds, vendredi 26 juin à Moscou, dans une affaire controversée.

"La réhabilitation de Serebrennikov est possible sans peine réelle" de privation de liberté, a estimé la juge Olessya Mendeleïeva, qui lui inflige par ailleurs une interdiction de diriger tout organisme culturel, une amende et trois années de mise à l'épreuve. "Sans commentaire", a dit l'intéressé à l'issue de la lecture du jugement.

Deux autres accusés dans cette affaire, Iouri Itine et Konstantin Malobrodski, ont été condamnés à des peines avec sursis de deux et trois ans respectivement. Une quatrième accusée, Sofia Apfelbaum, s'est vu infliger une amende qu'elle n'aura pas à payer car couverte par la prescription.

Des expertises qui se contredisent

Âgé de 50 ans, le réalisateur et metteur en scène était accusé d'avoir détourné entre 2011 et 2014 environ 129 millions de roubles de subventions publiques. Arrêté en août 2017, il avait été assigné à résidence jusqu'en avril 2019. En septembre 2019, la justice russe avait levé "toutes les mesures préventives" contre lui et ses trois collaborateurs inculpés, puis renvoyé le dossier au Parquet, l'estimant incomplet.

Une troisième expertise a finalement indiqué début juin que le réalisateur et son équipe avaient touché un trop-perçu de 128 millions de roubles d'aides publiques pour un projet de la troupe "Septième studio" de Kirill Serebrennikov. Elle prenait le contre-pied d'une expertise précédente qui avait mis à mal l'accusation.

Une pétition lancée par 3 000 personnalités

Kirill Serebrennikov, qui est le directeur artistique du Centre Gogol, un célèbre théâtre moscovite, a toujours nié les charges pesant contre lui. Pour ses partisans, il paye sa liberté de création et ses pièces parfois osées, mêlant politique, sexualité et religion, dans un pays où les autorités poussent pour un retour en force des "valeurs traditionnelles". Les autorités démentent cette interprétation des faits.

Dès son arrestation, de nombreux appels en sa faveur ont été lancés par des personnalités du monde des arts en Russie et à l'étranger. Quelque 3 000 personnalités de la culture ont lancé, lundi, une pétition pour demander au ministère de la Culture de renoncer aux poursuites. Elles dénoncent une "affaire qui a été fabriquée" par les enquêteurs.

Avec AFP