
La tension ne retombe toujours pas en Grèce, après onze jours de violences. Mardi, une vingtaine d'étudiants ont interrompu un journal de la télévision nationale. D'autres ont attaqué le siège des force anti-émeutes de la police à Athènes.
Regardez notre reportage: "Au cœur du mouvement étudiant à Salonique"
AFP - Après onze jours de manifestations en Grèce, contre la mort d'un adolescent tué par un policier le 6 décembre à Athènes, les jeunes ont poursuivi mardi leur mobilisation tandis que le Premier ministre Costas Caramanlis a dénoncé les incidents qui "ternissent l'image du pays".
Dans la matinée, une quarantaine de jeunes ont attaqué à coups de cocktails Molotov le siège des forces anti-émeutes de la police à Athènes. Il ont atteint un car de police qui a pris feu et endommagé quatre voitures de police stationnées à proximité du bâtiment.
Les forces de police ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les jeunes qui ont pris la fuite.
En début d'après-midi, une vingtaine de jeunes ont interrompu pendant quelques minutes le journal télévisé de la chaîne publique NET, portant une banderole sur laquelle était inscrit "Arrêtez de regarder, sortez dans la rue".
La chaîne qui diffusait une retransmission d'un discours au Parlement du Premier ministre, Costas Caramanlis, a alors interrompu son programme et diffusé de la publicité avant de rétablir le programme. Le président de l'office public de télévision, Christos Panagopoulos, a dénoncé "cet acte de violence qui dépasse les limites de la démocratie".
Des groupes de jeunes ont déjà occupé ces derniers jours plusieurs stations de radio à Athènes et en province.
Devant le groupe parlementaire de son parti, M. Caramanlis est monté au créneau en affirmant que "les derniers incidents ternissent l'image du pays, et freinent les efforts du gouvernement" pour réduire la dette publique du pays, l'une des plus forte de l'Union européenne.
Les lycéens et étudiants ont par ailleurs distribué des tracts à la population s'en prenant à la police. Ils ont bloqué la circulation pendant quelques heures sur de grandes artères de la capitale.
Un rassemblement était également prévu dans la soirée près du commissariat d'Exarchia, le quartier où a été tué le jeune Alexis Grigoropoulos, à l'appel du comité des habitants du quartier ainsi que d'autres groupes de gauche.
A Salonique, la grande ville du nord du pays, quelque 250 jeunes se sont opposés aux policiers devant le palais de justice de la ville où étaient jugés huit policiers pour avoir passé à tabac et blessé un étudiant chypriote lors d'une manifestation il y a deux ans à Salonique.
Les jeunes ont lancé des pierres et autres projectiles contre les policiers qui gardaient le tribunal. Les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui se sont réfugiés dans une école occupée.
Les huit policiers jugés ont été condamnés à des peines de prison allant de 15 mois à trois ans et demi. Les condamnés ont fait appel de la décision et ont été remis en liberté.
L'affaire avait à l'époque bouleversé le pays. Les policiers avaient soutenu que l'étudiant chypriote qui participait à une manifestation avait heurté une jardinière placée sur le trottoir. Des images vidéo diffusées sur les télévisions montraient les policiers en train de rouer de coups l'étudiant à terre.
Près de 600 établissements scolaires en Grèce, dont une centaine à Athènes, restaient toujours occupés mardi, ainsi que plusieurs établissements universitaires à Athènes et Salonique (nord), selon le comité de coordination du mouvement lycéen.
Le ministère de l'Education affirme de son côté que le nombre total d'établissements scolaires occupés ne dépasse pas la centaine.