Le président américain a signé mercredi une proposition de loi voulue par le Congrès, appelant à des sanctions contre la répression que mène la Chine contre la minorité musulmane Ouïghours de la province du Xinjiang. Pékin a menacé Washington de "conséquences".
Après avoir placé 28 organisations gouvernementales et commerciales chinoises sur liste noire, les États-Unis continuent de sanctionner Pékin dans sa répression contre les musulmans Ouïghours. Le président américain Donald Trump a promulgué, mercredi 17 juin, une loi pour pénaliser des responsables chinois accusés de "l'internement de masse" de cette minorité.
"Cette loi tient pour responsables les auteurs de violations des droits humains et abus comme le recours systématique à des camps d'endoctrinement, aux travaux forcés et à une surveillance intrusive pour éradiquer l'identité ethnique et les croyances religieuses des Ouïghours et d'autres minorités en Chine", a-t-il déclaré dans un communiqué.
La Chine, qui affirme que les camps dispensent des formations professionnelles, n'a pas tardé à réagir. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a fustigé, jeudi, ce texte qu'il qualifie d'"attaque vicieuse contre la politique de la Chine au Xinjiang", avertissant Washington de "conséquences".
Cette loi risque alors d'envenimer encore davantage les relations déjà tendues à l'extrême entre les deux premières puissances mondiales, au moment même où le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo rencontre à Hawaï le haut responsable chinois Yang Jiechi, justement pour désamorcer ces tensions.
Peu critique des camps de concentration, selon le livre de Bolton
La proposition de loi avait été adoptée, le 27 mai, à une majorité écrasante par la Chambre des représentants, après avoir passé unanimement le cap du Sénat quelques jours plus tôt.
Elle reprend des accusations déjà émises par l'administration américaine comme par d'autres pays occidentaux et les organisations internationales de défense des droits humains.
A savoir que le gouvernement chinois a perpétré "des violations graves des droits humains" dans la province du Xinjiang, dans le nord-ouest du pays, en instaurant "la surveillance et l'internement de masse de plus d'un million de Ouïghours et membres des ethnies kazakhe ou kirghize ou d'autres minorités musulmanes".
Hasard du calendrier, le président américain a signé cette loi le jour où la presse a dévoilé de larges extraits du livre explosif de son ancien conseiller à la sécurité nationale, John Bolton. Selon ces extraits, le milliardaire républicain ne s'est pas toujours montré critique au sujet de la répression chinoise.
"Au dîner d'ouverture du sommet du G20 à Osaka en juin 2019, uniquement en présence des interprètes, Xi avait expliqué à Trump pourquoi, en gros, il construisait des camps de concentration dans le Xinjiang", écrit John Bolton dans ce livre à paraître mardi. "Selon notre interprète, Donald Trump a dit que Xi devait continuer à construire ces camps, dont Trump pensait que c'était exactement la bonne chose à faire."
Avec AFP et Reuters