Deux jours après la manifestation réprimée dans le sang à Conakry, Moussa Dadis Camara a prétendu sur la radio Europe 1 ne pas contrôler toutes les activités de l'armée. Au moins 157 opposants ont été tués lors du rassemblement, lundi.
Le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte au pouvoir en Guinée, a affirmé, mercredi, sur les ondes de la radio Europe 1 qu'il n'avait pas le "contrôle" des forces armées. Les militaires sont accusés d'avoir tué au moins 157 personnes et de s'être livrés à des actes de barbarie au cours de la répression, lundi, à Conakry, de la manifestation organisée pour protester contre l'éventuelle candidature du capitaine à la présidentielle de janvier 2010.
"Cet accrochage n'est pas venu de moi ! s'est défendu Moussa Dadis Camara, qui s'est rendu, mardi, dans deux hôpitaux de la ville pour rencontrer de nombreux blessés. Il s'agit donc d'un mouvement incontrôlé, même le chef de l'État ne peut pas contrôler ce mouvement."
Pointé du doigt par la communauté internationale, ainsi que par les associations de défense des droits de l'Homme, le chef militaire ne veut pas endosser la responsabilité de la répression sanglante de lundi. "Avec le pouvoir, à des moments donnés, vous n’êtes plus responsable de vous-même", a détaillé le capitaine. Il a promis, lors d'une intervention à la télévision mardi soir, l'ouverture d'une enquête sur "ces événements tragiques qui menacent la paix sociale".
Deux journées de deuil national
À la suite de ces événements, deux "journées de deuil national" ont été déclarées, mercredi et jeudi. Deux jours durant lesquels "tout regroupement de quelque nature que ce soit à caractère subversif" est interdit. "Les fauteurs de troubles" seront sévérement punis, a d'ores et déjà avertit la junte.
De son côté, la France a suspendu sa coopération militaire avec son ancienne colonie et qualifié cette répression de "sauvage et sanglante". À la demande de Paris, l'Union européenne (UE) se réunira mercredi "pour examiner les mesures complémentaires (...) qui pourraient être prises rapidement".
Le secrétaire d'État français à la Coopération, Alain Joyandet, a déclaré, mardi, à FRANCE 24 que Paris était "encore prêt à soutenir" la transition politique en Guinée, à condition que cesse "l'escalade de la violence". Mardi à New York, il a également alerté le Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation "très préoccupante" qui prévaut en Guinée.
Un avion Transall français transportant 5,6 tonnes de matériel, essentiellement médical, ainsi que deux médecins, a décollé mercredi vers 4h (heures de Paris) de France et devrait arriver en Guinée dans la journée, a annoncé le ministère de la Défense.