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Le puissant cyclone Amphan s'est abattu, mercredi, sur l'est de l'Inde et le Bangladesh, tuant au moins neuf personnes. Trois millions de personnes ont été évacuées mais, pour elles, se mettre à l'abri revient aussi à s'exposer au Covid-19.

Des vents violents atteignant les 190 km/h et des ondes de tempête pouvant aller jusqu'à cinq mètres de haut. Le cyclone Amphan (qui se prononce "um-pun"), le plus puissant depuis le début du siècle dans le golfe du Bengale, s'est abattu, mercredi 20 mai, sur l'est de l'Inde et sur le Bangladesh, détruisant des habitations et provoquant un raz de marée dans les zones côtières des deux pays.

Amphan a atterri vers 18 h heure locale (12 h 30 GMT) à une centaine de kilomètres au sud de la grande ville indienne de Calcutta, avant d'arriver au Bangladesh.

Une onde de tempête (raz-de-marée) ayant atteint jusqu'à cinq mètres de haut s'est engouffrée dans les terres sur plusieurs kilomètres, ont rapporté des médias.

Au moins neuf morts

Au Bangladesh, ce "super-cyclone" a fait six morts, dont un garçon de cinq ans, tué dans la chute d'un arbre, ont annoncé les autorités. Dans l'État indien du Bengale occidental, dont Calcutta est la capitale, trois personnes ont été tuées par des arbres déracinés, a déclaré à l'AFP son ministre chargé de la gestion des catastrophes naturelles Javed Khan.

Des pluies torrentielles et des vents violents ont déferlé sur Calcutta, déracinant des arbres, provoquant des inondations et perturbant les télécommunications.

De larges parties de la capitale du Bengale occidental sont plongées dans le noir, l'électricité ayant été coupée préventivement par les fournisseurs pour éviter les accidents.

"Les gens hurlent lorsque les rafales traversent la ville en secouant les portes et fenêtres", a décrit à l'AFP Sriparna Bose, une professeur d'université de 60 ans. "Je n'ai jamais vu une telle situation dans ma vie."

Trois millions d'évacués

L'Inde et le Bangladesh ont évacué plus de trois millions de personnes. Les météorologues redoutent une potentielle onde de tempête (raz-de-marée) qui pourrait aller jusqu'à cinq mètres de haut.

Apparu ce week-end en mer, Amphan a atteint lundi la catégorie 4 sur 5 sur l'échelle de Saffir-Simpson, avec des vents entre 200 et 240 km/h, avant d'être rétrogradé en catégorie 3. Il est le cyclone le plus puissant à naître dans le golfe du Bengale depuis 1999. Cette année-là, un cyclone avait tué 10 000 personnes dans l'Odisha.

Malgré la perte de puissance du cyclone à mesure qu'il approche des côtes, les autorités indiennes et bangladaises s'attendent à d'immenses dégâts matériels. "C'est une vitesse de vent dévastatrice et qui peut causer des destructions à grande échelle", a indiqué Mrutyunjay Mohapatra, directeur général du département météorologique d'Inde.

Avant même d'arriver sur les côtes, le cyclone a déjà fait un premier mort au Bangladesh. Un bénévole du Croissant-Rouge local s'est noyé lorsque des rafales de vent ont renversé son bateau sur une rivière pendant l'évacuation de villageois dans la ville côtière de Kalapara.

Risques de favoriser la propagation du Covid-19

Les pays de la région ont retenu les leçons des cyclones dévastateurs des décennies précédentes : ils ont construit ces dernières années des milliers d'abris pour la population et développé des politiques d'évacuation rapide.

Leur tâche est cependant compliquée cette année par la pandémie de coronavirus, les déplacements de populations risquant de favoriser la propagation du Covid-19. Des confinements nationaux sont actuellement en place en Inde et au Bangladesh depuis fin mars.

"La situation est plus préoccupante que la pandémie provoquée par le coronavirus. Nous ne savons pas comment la gérer", a lâché mercredi soir devant la presse le principal dirigeant du Bengale occidental, Mamata Banerjee.

Le Bangladesh a ouvert plus de 13 000 abris anticyclone, soit près du triple du nombre habituel, pour que ceux-ci soient moins chargés. En Inde comme au Bangladesh, les autorités ont demandé aux évacués de porter des masques à l'intérieur.

"Nous avons dit aux gens de maintenir une distanciation physique dans les refuges à cause du coronavirus", a déclaré Shah Kamal, responsable de l'autorité de gestion des catastrophes du Bangladesh.

Si la fréquence et l'intensité des cyclones se sont accentuées ces dernières années dans le golfe du Bengale, un phénomène partiellement attribué au réchauffement climatique, les bilans humains sont généralement bien moindres que par le passé grâce à un système de surveillance plus développé et à des mesures préventives bien rodées.

Avec AFP