Après l'adoption jeudi par Beyrouth d'un plan de relance économique, la France a invité vendredi le Liban à mettre en place des réformes pour pouvoir recevoir une aide financière internationale. Mais le rejet du plan par les banques libanaises risque de peser dans la demande d'aide au FMI.
La France a appelé le Liban, vendredi 1er mai, à mettre en œuvre sans délai une série de réformes pour pouvoir bénéficier d'une aide financière internationale, qui viendrait soutenir son plan de relance économique adopté jeudi.
"Le gouvernement libanais a adopté un plan économique et décidé de solliciter un programme du FMI. Ce sont des décisions importantes pour trouver une solution à la crise majeure que traverse le pays", a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Il est désormais urgent que les réformes indispensables au relèvement du pays soient mises en œuvre et permettent ainsi de répondre aux aspirations légitimes du peuple libanais", a ajouté Agnès von der Mühll.
"C'est sur cette base que la France se tient prête à accompagner les efforts du Liban, en liaison avec ses partenaires", a souligné la porte-parole de la diplomatie française.
Le plan économique n'est qu'un "préalable", a relevé une source diplomatique française, pointant la nécessaire restructuration de la dette pour assainir les conditions de financement de l'économie libanaise.
Au-delà, plusieurs réformes sont nécessaires concernant la lutte contre la corruption, l'indépendance de la justice, les règles de passation des marchés publics ou la régulation de secteurs clés comme l'électricité, a-t-elle ajouté.
Une aide financière demandée au FMI
Le gouvernement libanais s'est doté jeudi d'un plan de relance pour tenter de sortir le pays d'une grave crise marquée par une inflation galopante et une forte dépréciation de la livre libanaise par rapport au dollar.
Vendredi, une autre étape a été franchie puisque le gouvernement a paraphé une requête officielle destinée au Fonds monétaire international (FMI) pour réclamer une aide financière.
Si les autorités ne se sont pas exprimées sur le montant attendu du FMI ni sur les modalités de cette aide, le gouvernement espère que ce plan sera jugé suffisamment crédible par la communauté internationale pour lui garantir des aides cruciales de plus de 20 milliards de dollars, soit 18 milliards d'euros.
Des banques peu convaincues
Pourtant, ce plan de sauvetage de l'économie libanaise a été sévèrement critiqué vendredi par les banques du pays, qui lui reprochent de "détruire encore la confiance".
Ce rejet pourrait compliquer les discussions à venir avec le FMI car les banques figurent parmi les principaux créanciers de l'État libanais.
Le plan dévoilé jeudi pourrait obliger les actionnaires et les plus importants déposants des banques à les renflouer pour effacer quelque 70 milliards de dollars de pertes et il ouvre la voie à des mesures d'austérité pour mettre fin à la crise qui a précipité la chute de la livre libanaise, l'envolée du chômage, des troubles sociaux et un défaut de Beyrouth sur sa dette souveraine.
Une source proche du secteur bancaire a déclaré que le FMI devrait consulter les banques sur le projet avant de prendre une décision et elle a ajouté que le secteur bancaire présenterait un plan alternatif au gouvernement dans les deux semaines à venir.
Au Liban, la crise économique avait été l'un des déclencheurs en octobre 2019 d'un soulèvement inédit contre la classe politique, inchangée depuis des décennies et accusée de corruption et d'incompétence. Malgré les restrictions imposées face au nouveau coronavirus, la mobilisation populaire contre le pouvoir a repris ces derniers jours.
Avec AFP et Reuters