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Au Brésil, Jair Bolsonaro s'oppose aux gouverneurs sur la stratégie face au coronavirus

Le président brésilien Jair Bolsonaro, qui qualifie le coronavirus de "petite grippe", a engagé un bras de fer contre la grande majorité des 26 gouverneurs du pays. Ces derniers ont interdit les activités commerciales et les services publics non essentiels afin d'endiguer la pandémie.

"Une petite grippe." Le président brésilien Jair Bolsonaro, qui ne cesse de minimiser les risques liés à la pandémie de Covid-19, a émis, vendredi 27 mars, des doutes sur le nombre de décès liés au coronavirus à Sao Paulo. Il a d'ailleurs accusé son gouverneur de manipuler les chiffres à des fins politiques.

Le chef de l'État s'est attiré les foudres d'une grande partie de la classe politique, en estimant qu'une paralysie de l'économie serait plus néfaste qu'un confinement généralisé. Et de qualifier le coronavirus de "petite grippe".

Suivant les recommandations des experts en santé publique, la grande majorité des 26 gouverneurs du pays ont interdit les activités commerciales et les services publics non essentiels, notamment à Sao Paulo et Rio de Janeiro, quasiment à l'arrêt.

"Je suis désolé, certaines personnes vont mourir, c'est la vie", a déclaré Jair Bolsonaro lors d'un entretien télévisé vendredi soir. "Vous ne pouvez pas arrêter une usine automobile à cause des accidents routiers", a-t-il ajouté.

Sans apporter de preuves, le président d'extrême droite a affirmé que le bilan semblait "trop élevé" dans l'État de Sao Paulo, cœur économique du pays. "Nous devons regarder ce qu'il s'y passe, cela ne peut pas être un jeu chiffré pour favoriser des intérêts politiques", a-t-il poursuivi.

Sao Paulo a rapporté le bilan le plus élevé dans le pays, avec 1 223 cas de contamination et 68 décès liés à la pandémie.

"Désinformation"

Plus tôt dans la journée, le gouverneur de Sao Paulo, Joao Doria, ancien allié de Bolsonaro qui devrait être son rival lors de l'élection présidentielle de 2022, a accusé le chef de l'État de propager une "désinformation" avec une campagne publicitaire télévisée critiquant les restrictions en vigueur.

Des alliés de Jair Bolsonaro ont partagé sur les réseaux sociaux cette publicité au slogan #LeBrésilNePeutPasS'Arrêter. Selon deux personnes au fait de la question, cette campagne a été préparée sur demande des services du président sans consultation avec le ministère de la Santé, et a coûté environ 1 million de dollars.

Un représentant du ministère de la Santé a déclaré aux journalistes qu'il ne ferait aucun commentaire sur Bolsonaro et que les recommandations sur la distanciation sociale n'avaient pas changé.

Le gouvernement brésilien a interdit vendredi aux étrangers ne disposant pas d'un titre de résidence d'entrer dans le pays via ses aéroports, afin d'éviter la propagation du virus. Émise par le ministère de la Justice et publiée au Journal officiel, cette interdiction prend effet lundi pour une durée de 30 jours.

Plus de 3 400 cas de contamination ont été confirmés au Brésil, selon le dernier bilan communiqué vendredi par le ministère de la Santé, contre près de 1 900 cas lundi. Le nombre de décès s'est alourdi à 92.

La popularité de Bolsonaro a décliné depuis le début de la crise sanitaire, et de nombreuses personnes à travers le pays affichent chaque soir leur désaccord avec Bolsonaro depuis leurs fenêtres.

Vendredi, de son côté, la justice brésilienne a annulé en première instance un décret du président, qui excluait les églises, les temples religieux et bureaux de loterie des mesures de quarantaine imposées dans certains États pour stopper l'épidémie de coronavirus.

"L'accès aux églises, aux temples religieux et aux loteries encouragent les attroupements et la circulation des personnes", a fait valoir dans sa décision le juge Marcio Santoro Rocha, du tribunal du Duque de Caxias, dans l'État de Rio de Janeiro.

Le décret du président Bolsonaro avait été publié la veille dans le Journal officiel.

Avec AFP et Reuters