
Au terme d'une enquête de plus d'un an sur le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, la Turquie a annoncé mercredi avoir lancé des poursuites contre vingt Saoudiens, dont deux proches du prince héritier, Mohammed ben Salmane.
Vingt Saoudiens font désormais l'objet de poursuites dans l'affaire Khashoggi. À l'issue d'une enquête de plus d'un an sur l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi à Istanbul en 2018, la Turquie a annoncé, mercredi 25 mars, avoir lancé des poursuites contre 20 ressortissants saoudiens, dont deux proches du prince héritier Mohammed ben Salmane.
Dans un communiqué, le bureau du procureur général d'Istanbul a indiqué qu'un acte d'accusation avait été préparé, ce qui ouvre la voie à un procès dont la date n'est pas connue à ce jour.
Dans cet acte d'accusation, l'ex-conseiller Saoud al-Qahtani et l'ancien numéro deux du renseignement et le général Ahmed al-Assiri, tous deux proches du prince héritier saoudien, sont identifiés comme les commanditaires du meurtre.
Ces derniers sont accusés d'avoir ordonné un "homicide volontaire prémédité avec l'intention d'infliger des souffrances". Dix-huit autres suspects sont accusés d'avoir pris part à ce meurtre.
Prison à vie
Des mandats d'arrêt internationaux ont par ailleurs été émis par les autorités turques, a indiqué le bureau du procureur.
Au cours de l'enquête, les policiers turcs ont perquisitionné le consulat saoudien et des véhicules appartenant à la mission diplomatique. Ceux-ci ont également examiné les factures téléphoniques de certains suspects et recueilli les témoignages de plus de 50 personnes.
Collaborateur du Washington Post et critique du régime saoudien après en avoir été proche, Jamal Khashoggi a été assassiné en octobre 2018 dans le consulat d'Arabie saoudite où il s'était rendu pour récupérer un document.
Selon la Turquie, il a été étranglé, puis son corps a été découpé. Les restes de la dépouille de l'éditorialiste de 59 ans n'ont jamais été retrouvés.
Cet assassinat a plongé l'Arabie saoudite dans l'une de ses pires crises diplomatiques en plus de ternir l'image du prince héritier Mohammed ben Salmane, dit "MBS", désigné par des responsables turcs et américains comme le commanditaire du meurtre.
Les autorités de Riyad, après avoir nié le meurtre, puis avancé plusieurs versions contradictoires, ont affirmé que les faits avaient été commis par des agents saoudiens ayant agi seuls et sans ordre de hauts dirigeants.
À l'issue d'un procès entouré du plus grand secret en Arabie saoudite, cinq Saoudiens ont été condamnés à mort, l'année dernière. Toutefois, aucune accusation n'a été retenue contre Saoud al-Qahtani. Ahmed al-Assiri, lui, a été acquitté.
Avec AFP