Carlos Ghosn, patron déchu de Renault et de Nissan, a annoncé mardi avoir fui le Japon pour le Liban, disant refuser d'être "otage" d'un système judiciaire "partial". Il est accusé dans de multiples affaires de malversation et de corruption. Suivez les développements de ce nouveau rebondissement dans le feuilleton judiciaire.
Coup de théâtre : Carlos Ghosn, l'ex-PDG de Renault-Nissan se trouve au Liban, alors qu'il était assigné à résidence à Tokyo en attendant son procès. Au Japon, il fait l'objet de quatre inculpations pour malversations financières. Suivez en direct l'édition spéciale de France 24 consacrée aux conséquences de ce rebondissement.
Dans un communiqué, Carlos Ghosn affirme qu'il cherche à échapper à "l'injustice et à la persécution politique" du système judiciaire japonais. "Je ne suis plus l'otage d'un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité", a-t-il écrit. Ajoutant : "Je n'ai pas fui pas la justice, je me suis libéré de l'injustice". "Je peux enfin communiquer librement avec les médias, ce que je ferai dès la semaine prochaine."
"Selon des sources citées par plusieurs médias au Liban, Carlos Ghosn serait arrivé dimanche soir au Liban, à bord d'un jet privé en provenance de Turquie", rapporte Zeina Antonios, correspondante de France 24 à Beyrouth. Aucune information ne filtre cependant sur la façon dont l'ancien patron de Renault et Nissan a pu partir du Japon et arriver en Turquie.
Le patron déchu de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est entré dans le pays en provenance de Turquie, avec un passeport français et sa carte d'identité libanaise, selon une source à la présidence libanaise. Cette source a également déclaré que le Liban traitait Carlos Ghosn, conformément aux "accords internationaux", sans plus de précision. Un témoignage dans l'entourage du fugitif a indiqué à l'AFP qu'il était avec "sa femme", "libre".
Deux voitures des forces de sécurité libanaises se trouvaient dans la matinée près de la maison du quartier d'Achrafiyeh possèdée Carlos Ghosn à Beyrouth, selon un photographe de l'AFP qui a fait état de nombreux médias locaux et internationaux sur les lieux.
Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, a déclaré au micro de France Info, mardi matin, être "très surprise" et avoir appris "par la presse" la présence de Carlos Ghosn au Liban. "Nous avons un devoir de soutien consulaire avec les ressortissants français", a expliqué la secrétaire d'État, ajoutant que "M. Ghosn [était] un citoyen comme les autres", tout en rappelant qu'il "n'est pas au-dessus des lois". Selon Agnès Pannier-Runacher, "si un ressortissant étranger fuyait la justice française, on serait très fâché".
Or "le soutien consulaire français existait déjà, lorsque Carlos Ghosn était en liberté surveillée au Japon", rappelle Jean-Yves Colin sur France 24, spécialiste du Japon au Centre de recherche de l'Asie contemporaine. "Le Japon va maintenant exercer des pressions sur le Liban, mais aussi sur la France", estime-t-il.
Cette fuite s'est organisée apparemment sans prévenir le principal avocat japonais de Carlos Ghosn, Junichiro Hironaka, qui déclare être "abasourdi" par le départ de son client du Japon, "qu'il a appris par la presse". L'avocat juge l'attitude de son client "inexcusable" et affirme qu'il est toujours en possession de tous les passeports de Carlos Ghosn.
"La ligne de défense des avocats à Tokyo va être très difficile. L'intervention de l'avocat Junichiro Hironaka devant la presse est d'ailleurs très intéressante : son niveau de langage n'était pas celui d'un avocat, mais celui d'un citoyen japonais ordinaire pour exprimer sa stupéfaction", poursuit Jean-Yves Colin.