
Les députés irakiens ont accepté, dimanche, la démission du gouvernement d'Adel Abdel Mahdi, alors que le pays observe une journée de deuil en hommage aux plus de 420 morts depuis le début de la contestation. Par ailleurs, un tribunal a condamné à mort un policier accusé d'avoir tué deux manifestants.
Après deux mois de contestation, le Parlement irakien a accepté, dimanche 1er décembre, la démission du gouvernement d'Adel Abdel Mahdi. Le chef de l'Assemblée a également indiqué qu'il allait demander au président de la République de désigner un nouveau Premier ministre.
Ce vote intervient deux jours après que Adel Abdel Mahdi a annoncé son intention de démissionner, aussitôt après que le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité chiite du pays, a réclamé son remplacement à l'issue de deux mois de manifestations endeuillées par plus de 420 morts.
Dans le même temps, la mobilisation populaire contre le pouvoir et son parrain iranien se poursuit, dans le sud chiite mais aussi dans le nord sunnite, jusqu'ici resté à l'écart.
Un policier condamné à mort
Dimanche, pour la première depuis le début des manifestations, un officier de police a été condamné à mort pour avoir tué deux manifestants à Kout, au sud de Bagdad.
Les autorités, qui accusent depuis le 1er octobre "des tireurs non identifiés" de viser indifféremment manifestants et forces de sécurité, a reconnu par endroits un "usage excessif de la force".
Elles ont aussi limogé en quelques heures un militaire qu'elles avaient dépêché pour "restaurer l'ordre" à Nassiriya, la ville d'origine d'Adel Abdel Mahdi, mais qui y a ouvert les portes du chaos jeudi.
Des hommes en civils tirant sur la foule
Les tribus de la ville sainte chiite de Najaf, elle aussi entrée dans une spirale de violences tentait, dimanche, d'intercéder pour que les tirs cessent.
Aux abords du mausolée d'une figure tutélaire d'un parti chiite, des hommes en civils ont tiré sur les manifestants qui ont déjà incendié une partie du bâtiment. Après la mort d'une vingtaine de personnes, pour beaucoup sous les tirs de ces hommes, les habitants redoutent que la situation ne dégénère plus encore.
La démission du gouvernement n'est qu'une "première étape", ont répété à l'envi les manifestants sur les places de Bagdad et des grandes villes du sud.
Journée de deuil
Sur Tahrir et ailleurs, les défilés du jour se sont transformés en processions funéraires, y compris à Mossoul, la grande ville sunnite du nord, où des centaines d'étudiants vêtus de noir se sont rassemblés.
Les provinces sunnites, reprises au groupe État islamique il y a deux ans, s'étaient tenus à l'écart du mouvement jusqu'ici. Si leurs habitants se plaignent des mêmes maux que dans le sud, ils redoutent d'être taxés de nostalgiques du pouvoir de Saddam Hussein ou de celui des jihadistes, accusations déjà portées ailleurs contre les manifestants par leurs détracteurs.
Huit provinces du sud chiite ont observé ce deuil. Les autorités locales y ont même décrété un jour chômé pour les fonctionnaires.
Avec AFP