
Des centaines de manifestants pro-démocratie étaient retranchés, dimanche, à l'intérieur de l'université polytechnique de Hong Kong, tentant de garder le contrôle du campus comme une base pour lancer de nouvelles actions lundi.
L'université polytechnique de Hong Kong (PolyU) était, dimanche 17 novembre, le théâtre de nouveaux heurts entre policiers et manifestants. Des centaines de protestataires se sont retranchés à l'intérieur des bâtiments, situés sur la presqu’île de Kowloon, devenue ces dernières heures la principale ligne de front de la contestation pro-démocratie.
Des centaines d'activistes ont également maintenu le blocage du Cross Harbour Tunnel, un tunnel routier desservant l'île de Hong Kong, fermé depuis mardi, tandis que des dizaines de partisans du gouvernement tentaient de déblayer les barricades devant son entrée.
Les revendications des manifestants restent les mêmes : le suffrage universel pour toutes les élections hongkongaises, ou encore l'ouverture d'une enquête sur la répression de la police, qu'ils jugent violente.
Un mur de cocktails Molotov
Au crépuscule, la police tentant de reprendre le contrôle d'un pont piétonnier qui enjambe le tunnel a été confrontée à un mur de cocktails Mototov qui ont causé des incendies. À Kowloon, des militants se cachant derrière des parapluies ont lancé jusque dans la nuit des cocktails Molotov vers la police, qui projetait des gaz lacrymogènes.
Auparavant des militants avaient fait échouer une tentative de la police de pénétrer sur le campus, tirant des pierres depuis une catapulte depuis le toit de l'université. La police a diffusé des photos montrant une flèche plantée dans le mollet d'un de ses membres, déployé près de la PolyU. Le policier a été hospitalisé.
La police a dénoncé une utilisation d'"armes létales" et qualifié le campus de "scène d'émeute". Une condamnation pour participation à une émeute est passible de dix ans de prison. Elle a également prévenu dans la nuit de dimanche à lundi qu'elle pourrait utiliser des "balles réelles" si les manifestants continuent des actions aussi dangereuses".
De nouvelles actions prévues lundi
Les manifestants cherchent à garder le contrôle du campus comme une base pour lancer de nouvelles actions lundi. Nous avons besoin "d'une base pour entreposer notre matériel et nous reposer la nuit, avant la bataille du lendemain matin", a expliqué un étudiant de 23 ans de la PolyU se faisant appeler Kason.
Ils ont promis de poursuivre lundi les opérations de blocage afin d'"étrangler l'économie" de la place financière hongkongaise qui est désormais en récession. Un tract posté sur un forum préconisait pour lundi "une action à l'aube", laissant entendre que les blocages pourraient durer : "Levez-vous tôt, visez directement le régime, étranglez l'économie pour accroître la pression".
La contestation est montée d'un cran lundi dernier avec une nouvelle stratégie baptisée "Éclore partout" (Blossom Everywhere), qui consiste à multiplier les actions - blocages, affrontements, vandalisme - pour éprouver au maximum les capacités de la police.
Transports en commun bloqués, écoles fermées
Conséquence, un blocage général des transports en commun, qui a considérablement compliqué la vie des employés allant au travail. Les autorités ont dû fermer des écoles et de nombreux centres commerciaux. Le gouvernement a annoncé que les écoles demeureraient fermées lundi, par mesure de sécurité.
La détermination des manifestants s'est heurtée ces derniers mois à l'intransigeance des autorités, faisant basculer la région semi-autonome dans une spirale de violence. Deux personnes ont péri depuis le début du mois.
Des soldats chinois dans la rue
Samedi, des soldats de la garnison de l'Armée populaire de libération (APL) sont brièvement sortis de leur caserne à Hong Kong pour participer au nettoyage des rues. Une apparition rarissime - l'armée chinoise faisant normalement profil bas à Hong Kong -, et fortement symbolique : la dénonciation des ingérences chinoises dans les affaires de la région semi-autonomes est au coeur des revendications des manifestants.
Le gouvernement local a indiqué n'avoir "pas sollicité" l'aide des soldats chinois, qui ont "pris cette initiative eux-mêmes".
Avec AFP