
Plusieurs stars de l'équipe chilienne de football ont témoigné sur les réseaux sociaux leur soutien au mouvement de protestation qui secoue le pays. Joueurs et joueuses aspirent à un pays plus juste et demandent la fin des violences.
Si Garry Medel a gagné son surnom de "pitbull" sur le terrain en raison de son féroce engagement, le défenseur chilien n’hésite pas non plus à intervenir de façon musclée dans la sphère publique. Le joueur, qui évolue dans le club italien du FC Bologne, a été l’un des premiers à réagir aux déclarations du président chilien Sebastian Pinera lorsqu’il a expliqué que son pays était en proie à une véritable "guerre", après les premières journées de protestation contre les inégalités sociales.
"Une guerre implique deux camps et nous ne sommes qu’un seul peuple qui demande plus d’équité. Nous ne voulons plus de violence. Nous demandons aux autorités de dire ce qu’elles vont faire pour résoudre les problèmes sociaux", avait tweeté Gary Medel le 21 octobre.
1 guerra necesita 2 bandos y acá somos 1 solo pueblo que quiere igualdad ????????. No queremos + violencia. Necesitanos q autoridades digan q van a cambiar para resolver los problemas sociales. hablan de delitos y no de soluciones al problema de fondo ????♂️????♂️#chiledesperto #nomasabusos pic.twitter.com/miQ2yhRFqo
Gary Medel (@MedelPitbull) October 21, 2019Le joueur, qui avait vu rouge contre l’Argentine lors de la dernière Copa America, est depuis revenu à la charge, demandant notamment aux représentants politiques chiliens "d’arrêter leur cirque" après une suspension de séance à la Chambre des députés, leur rappelant le besoin de trouver des accords "pour le bien du pays". Un discours engagé que tient également la joueuse internationale Fernanda Pinilla, qui réclame ouvertement le départ du président Sebastian Pinera.
¿no te enteraste que piden que te vayas? Los mismos a los que le declaraste la guerra, muchos que votaron por ti, muchos que nunca hemos creído en ti... lograste que nos juntaramos y no nos vamos a soltar. #LaMarchaMasGrandeDeChile https://t.co/P30FlN1p0i
Fernanda Pinilla (@Fdapinilla) October 26, 2019Le gardien Claudio Bravo, joueur de Manchester City, suit lui aussi de près l’évolution de la situation au Chili. Et si ses propos sont plus mesurés, il se place clairement du côté des manifestants qui tentent d’obtenir des avancées sociales.
Vendieron a los privados nuestra agua, luz, gas, educación, salud, jubilación, medicamentos, nuestros caminos, bosques, el salar de Atacama, los glaciares, el transporte. Algo más? No será mucho ???? No queremos un Chile de algunos pocos. Queremos un Chile de todos ♥️????????
Basta ????✋????
"Ils ont vendu au secteur privé notre eau, notre lumière, notre gaz, notre éducation, notre santé, nos retraites, nos chemins, nos forêts, le salar d’Atacama, les glaciers, les moyens de transports. Quoi de plus ?", se demandait ainsi ce joueur expérimenté dans un tweet publié le 19 octobre.
L'exemple de Carlos Caszely
Lui et Gary Medel ont logiquement salué l’immense manifestation qui s’est déroulée vendredi 25 octobre dans les rues de la capitale : plus d’un million de personnes ont participé à cette mobilisation historique marquée par de rares incidents. Ils ont été rejoints par l’attaquant vedette de la Roja, Alexis Sanchez, qui a commenté depuis Milan où il joue à l'Inter : "Le Chili s’est réveillé. Écoutez le peuple !"
Issu d’un milieu très modeste, Arturo Vidal a lui aussi tenu à manifester son soutien à tous ceux qui souffrent dans son pays natal et luttent pour "un Chili meilleur". Le milieu de terrain du FC Barcelone a lancé un "Viva Chile" en appelant la population à manifester dans le calme.
Buscando un mejor Chile para todos!!!???????????????????????????????? a manifestarse con tranquilidad y sin violencia!!!????????????????????❤️????????❤️
¡¡¡VIVA CHILE!!! ???????????????????????? pic.twitter.com/R5KTRgBBQ2
Plusieurs joueurs de la sélection nationale ont même choisi d'aller au-delà en saluant sur le terrain la mobilisation des Chiliens. Nicolas Castillo, attaquant du club mexicain America, a célébré un but, samedi 25 octobre, en brandissant un drapeau chilien. "C'est la seule manière que j'ai pour les soutenir", a ensuite déclaré le joueur en rendant hommage à ceux qui se battent pour leurs droits.
Désormais hors de la sélection nationale, le latéral Jean Beausejour a toujours accepté de s’exprimer sur l'actualité politique ou sociale. Par le passé, il a notamment manifesté son soutien aux populations indigènes, les Mapuches, qui tentent de défendre leurs droits face aux grandes entreprises minières ou forestières dans le sud du pays. "Les politiques ne se sont globalement pas montrées à la hauteur. Personne ne peut devenir le porte-voix de ce mécontentement. Mais je pense qu’il s’agit d’une opportunité unique pour reconnaître la mobilisation des gens. Je ne sais pas si, en tant que pays, nous aurons une autre occasion de le faire", a déclaré le joueur du club Universidad de Chile à la radio ADN.
Une interview dans laquelle Beausejour se dit conscient que ses points de vue politiques affirmés n'ont pas toujours été partagés par tous ses coéquipiers de la sélection nationale. Mais il insiste sur l’importance de "prendre parti pour quelque chose". Des propos qui font écho à l’engagement de l’un de ses illustres prédécesseurs sous le maillot de la Roja, l’attaquant Carlos Caszely. Fin 1973, alors que l’équipe chilienne était reçue au palais présidentiel de la Moneda après avoir obtenu sa qualification pour la Coupe du monde 1974, ce militant communiste avait refusé de serrer la main de l’homme fort du pays, Augusto Pinochet, qui avait pris le pouvoir par les armes quelques semaines auparavant.