Deux prix Nobel de littérature ont été remis mercredi, à l'écrivaine polonaise Olga Tokarczuk pour l'édition 2018 et à l'auteur autrichien Peter Handke pour celle de 2019.
Les membres de la prestigieuse académie suédoise ont décerné le prix Nobel de littérature à la Polonaise Olga Tokarczuk pour l'édition 2018, reportée d'un an après un scandale d'agression sexuelle, et à l'Autrichien Peter Handke pour le prix 2019, a annoncé, jeudi 10 octobre, l'Académie.
Quinzième femme seulement à recevoir le Graal des écrivains depuis sa création en 1901, Olga Tokarczuk est récompensée pour "une imagination narrative qui, avec une passion encyclopédique, symbolise le dépassement des frontières comme forme de vie", a déclaré le secrétaire perpétuel de l'Académie suédoise, Mats Malm.
"Je ne le réalise pas encore. Je suis contente que Peter Handke, que j'apprécie particulièrement ait reçu ce prix en même temps que moi. C'est formidable que l'Académie suédoise ait apprécié la littérature d'Europe centrale. Je suis contente qu'on tienne encore le coup", a déclaré Olga Tokarczuk par téléphone au quotidien polonais Gazeta Wyborcza.
Peter Handke est distingué pour une œuvre qui, "forte d'ingénuité linguistique, a exploré la périphérie et la singularité de l'expérience humaine", a affirmé Mats Malm.
"Ce genre de décision, c'est très courageux de la part de l'Académie suédoise"
Peter Handke, 76 ans, qui a publié plus de 80 ouvrages, est l'un des auteurs de langue allemande les plus lus et les plus joués dans le monde. Il s'attache dans ses œuvres, romans et pièces de théâtre, à dépeindre l'angoisse et l'incommunicabilité dans la société contemporaine. Sa plume avant-gardiste est influencée par Franz Kafka, Samuel Beckett et William Faulkner. On lui doit aussi les scénarios de plusieurs films de Wim Wenders, dont les "Ailes du désir" (1987).
Mais Peter Handke est aussi un auteur controversé, notamment à cause de ses prises de position pro-serbes. Il s'était notamment rendu en 2006 aux funérailles de l'ancien dirigeant serbe Slobodan Milosevic, décédé en prison alors qu'il attendait son jugement pour crimes de guerre et contre l'humanité.
Peter Handke avait également estimé au cours de sa carrière qu'il faudrait "supprimer" le Nobel de littérature, "une fausse canonisation" qui "n'apporte rien au lecteur".
"Après toutes les querelles (...), j'ai été étonné. Ce genre de décision, c'est très courageux de la part de l'Académie suédoise", a réagi l'auteur, jeudi après-midi, face à la presse devant son domicile de Chaville, en région parisienne.
Avec AFP