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En RD Congo, l'ex-ministre chargé de la lutte contre Ebola placé en garde à vue

L'ancien ministre congolais de la Santé Oly Ilunga a été placé en garde à vue à Kinshasa, a annoncé la police locale samedi. Il est soupçonné de détournement de fonds alloués à la lutte contre Ebola en République démocratique du Congo.

Moins de deux mois après sa démission, l'ex-ministre congolais de la Santé Oly Ilunga, soupçonné de détournement de fonds alloués à la lutte contre Ebola en République démocratique du Congo, a été "placé en garde à vue" à Kinshasa, a annoncé samedi   14   septembre la police à l’AFP.

Le Dr   Ilunga a été interpellé et "l'ordre a été donné de l'acheminer sous bonne escorte à la police où il a été placé en garde à vue. Il sera déféré le lundi 16   septembre   2019 au parquet général près la Cour de cassation", a indiqué le colonel Pierrot-Rombaut Mwanamputu, porte-parole de la police, dans un message à l'AFP.

Visé par une enquête judiciaire, il avait été interpellé et entendu fin août par la justice, avant d'être interdit de sortie du territoire de la   RD   Congo.

Son interpellation était liée à "des faits infractionnels portant   [sur la] mégestion des fonds alloués à la riposte de la maladie à virus Ebola", précise le colonel Mwanamputu.

Desavoué par le président Félix Tshisekedi

Nommé en décembre   2016, le Dr   Ilunga a démissionné le 22   juillet du ministère de la Santé. Il s'estimait désavoué par le chef de l'État Félix Tshisekedi, qui lui avait retiré la conduite de la riposte contre Ebola, dont il a confié la coordination à Jean-Jacques Muyembe, directeur de l'Institut congolais de la recherche biomédicale de Kinshasa   (INRB).

L'ex-ministre s'opposait aussi à l'introduction d'un deuxième vaccin "par des acteurs qui ont fait preuve d'un manque d'éthique manifeste". M.   Ilunga s'était opposé dans une circulaire à l'introduction de ce deuxième vaccin du laboratoire belge Janssen, filiale de l'Américain Johnson&Johnson.

Début septembre, son avocat avait indiqué à l'AFP que Oly Ilunga avait été entendu entre autres sur le versement de fonds à des chefs coutumiers dans la lutte contre Ebola. Ces fonds ont été versés après l'assassinat en avril d'un médecin de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Cet épidémiologiste camerounais avait été tué par des inconnus à Butembo, l'un des épicentres de l'épidémie, où le Centre de traitement d'Ebola   (CTE) avait également été attaqué.

Épidémie déclarée en août   2018

Après ces drames, le ministère avait insisté sur "l'engagement" des communautés dans la riposte contre Ebola, pour surmonter leurs "résistances" et les violences contre les médecins et les bénévoles.

La   RD   Congo est confrontée à une épidémie d'Ebola déclarée le 1er   août   2018, la dixième et la plus importante sur le sol congolais depuis   1976.

Le dernier bilan publié vendredi fait état de 2   071   décès pour 3   084   cas enregistrés, selon les autorités sanitaires.

Avec AFP