Après la triple défaite subie par Boris Johnson au Parlement britannique, une loi interdisant un Brexit sans accord devrait être votée avant lundi. Celle-ci pourrait permettre la tenue d’élections anticipées souhaitées par le Premier ministre.
Le scénario du Brexit connaît de si nombreux rebondissements qu’il est parfois difficile de s’y retrouver. En quarante-huit heures, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a connu une triple défaite au Parlement.
Le 3 septembre, les députés ont repris le contrôle de l’agenda parlementaire normalement détenu par le gouvernement. Le lendemain, mercredi 4 septembre, le texte de Boris Johnson pour des élections générales anticipées a été rejeté et, quelques heures plus tard, la proposition de loi demandant un report du Brexit pour éviter une sortie du Royaume-Uni sans accord, à laquelle est farouchement opposé le chef du gouvernement, a été approuvée par la Chambre des communes.
Et maintenant ? C’est désormais à la Chambre des Lords de voter le texte. Mais le temps presse puisque le Premier ministre a décidé de suspendre le Parlement à partir du 9 septembre et jusqu’au 14 octobre. Westminster a donc jusqu’à lundi pour faire adopter définitivement la loi imposant un report du Brexit du 31 octobre au 31 janvier.
La mission apparaissait délicate car certains élus conservateurs pro-Brexit de la Chambre des Lords envisageaient de déposer une série d'amendements pour ralentir l’examen du texte et empêcher son adoption avant la prorogation du Parlement. Mais Boris Johnson, qui ne dispose plus de la majorité à Westminster, a finalement accepté, tôt jeudi 5 septembre, de ne pas faire d’obstruction au texte législatif.
Vers des élections anticipées une fois la loi sur le report adoptée
La Chambre des Lords doit donc débattre et voter la proposition de loi, jeudi et vendredi, avant un retour à la Chambre des communes lundi. Une fois définitivement adopté, le texte sera transmis à la reine pour devenir une loi.
Cela signifie-t-il pour autant que le Brexit n’interviendra pas au 31 octobre ? Non, car pour acter un troisième report, le Royaume-Uni doit obtenir l’accord des 27 autres pays membres de l’Union européenne. Or, de plus en plus de pays sont fatigués de ces délais accordés à Londres et certains commencent à se résoudre à un Brexit sans accord.
Si un report du Brexit n'est pas certain, des élections anticipées devraient, elles, avoir lieu. Le leader du Labour, Jeremy Corbyn, a déclaré mercredi qu’il accepterait le principe d’élections anticipées une fois la loi sur le report du Brexit votée. Il est donc fort probable que Boris Johnson dépose à nouveau sa motion appelant à des élections dont la date devra être négociée.
Le Premier ministre souhaite un scrutin le 15 octobre, tandis que le Parti travailliste préférerait attendre après le 31 octobre.
En cas d’élections anticipées, le Brexit sera alors entre les mains du futur gouvernement. De nouvelles péripéties sont donc à attendre.