C'est en présence des familles des victimes que le gouvernement lance, mardi, un "Grenelle des violences conjugales". Les associations espèrent un "plan Marshall", alors que plus 100 femmes ont été victimes de féminicide depuis janvier 2019.
Alors que les féminicides ont déjà fait plus de 100 morts depuis le début de l’année, le gouvernement lance, mardi 3 septembre, à Matignon, un "grenelle sur les violences conjugales", que les associations et proches de victimes de féminicides espèrent voir déboucher sur des mesures immédiates et des moyens accrus.
Le Premier ministre, Édouard Philippe, doit annoncer "de premières mesures d'urgence visant à renforcer la protection des victimes", ont indiqué ses services. "Des mesures supplémentaires concertées de manière collective arriveront plus tard", a ajouté son entourage.
Devant des responsables associatifs, acteurs de terrain, policiers, gendarmes, magistrats ou encore avocats, plus de 10 membres du gouvernement, dont Marlène Schiappa (Égalité femmes-hommes), Nicole Belloubet (Justice) et Christophe Castaner (Intérieur), animeront des "ateliers" sur la prévention des violences, la "mise à l'abri et l'accompagnement" des victimes, ou la "sanction" des auteurs violents. "On souhaite avoir un vrai travail interministériel mais surtout collectif avec les associations", a-t-on indiqué à Matignon.
Stop aux #féminicides. Le 3 septembre 2019 – 3/9/19 – mobilisons-nous pour faire connaître le ☎ 3919 et lutter contre les #ViolencesConjugales #Réagir3919 pic.twitter.com/4JqGTjnqZF
Gouvernement (@gouvernementFR) August 30, 2019Un plan Marshall
Les associations féministes mobilisées sur le sujet souhaitent que l'événement débouche sur un "plan Marshall" doté d'"au moins" 500 millions, voire un milliard d'euros, loin des 79 millions d'euros de crédits spécifiquement alloués à cette lutte, selon une étude menée par cinq organisations.
Marlène Schiappa, de son côté, a annoncé la semaine dernière la création d'un "fonds spécial" contre les féminicides d'un million d'euros à destination d'"associations de terrain". Ce chiffre est jugé très insuffisant par les associations.
"Ce qu'on attend, c'est des résultats", a martelé lundi Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes, lors d'une conférence de presse réunissant une dizaines d'associations.
Les militantes demandent notamment la création, avant la fin de l'année, d'au moins 2 000 places d'hébergement supplémentaires pour les femmes ayant fui le domicile conjugal, un renforcement de la prévention contre les violences sexistes dès l'école, ou la création d'instances judiciaires spécialisées.
Elles préconisent également de mieux former les policiers et gendarmes appelés à recueillir les plaintes des femmes victimes, afin d'éviter que celles-ci se voient éconduire ou répondre que porter plainte "ne sert à rien".
"Pas un Grenelle des fake news"
"Confiantes" avant ce Grenelle, les associations se veulent "vigilantes", notamment face au risque que l'événement se résume à une "opération de communication de la part du gouvernement".
"On ne veut pas un Grenelle des fake news [...]. On souhaite que ce qui va être annoncé soit budgété, soit concrètement réalisé. L'attente est énorme. Les 100 femmes qui ont été assassinées [depuis le début de l'année] nous y obligent", a souligné Anne-Cécile Mailfert.
À la veille du Grenelle, ce chiffre est même monté à 101, avec le décès d'une vieille dame de 92 ans dans le Tarn. Son mari de 94 ans est soupçonné de l'avoir rouée de coups de canne. En 2018, le ministère de l'Intérieur avait recensé 121 féminicides.
Avec AFP