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Première apparition publique d'Abdelbaset al-Megrahi en Libye

Abdelbaset al-Megrahi, le Libyen condamné par l'Écosse à la prison à vie pour l'attentat de Lockerbie récemment libéré pour raisons de santé, a rencontré des membres du Parlement africain venus lui rendre visite à Tripoli.

AFP - Abdelbaset al-Megrahi, le Libyen condamné à la prison à vie pour l'attentat de Lockerbie libéré par l'Ecosse, est apparu publiquement pour la première fois mercredi dans un hôpital de Tripoli, lors d'une visite de parlementaires africains, rapporte un journaliste de l'AFP.

Abdelbaset al-Megrahi, 57 ans, qui souffre d'un cancer en phase terminale, est apparu pendant une dizaine de minutes devant quelque 150 membres du Parlement africain venus lui rendre visite, selon la même source.

Assis sur une chaise roulante, toussant, il était sous perfusion et avait l'air très malade, a ajouté la même source.

Libéré le 20 août par l'Ecosse pour raisons de santé, le Libyen avait été hospitalisé début septembre dans la section des maladies cancéreuses du Centre médical de Tripoli.

"Nous sommes venus exprimer notre solidarité" avec M. Megrahi, a déclaré le président du Parlement de l'Union africaine Idriss Ndele Moussa. "Il est victime d'une injustice internationale et d'une politique du +deux poids deux mesures+", a-t-il poursuivi.

De son côté, le parlementaire de l'UA Mohamed Jibril, de nationalité libyenne, a expliqué qu'avec cette visite, "M. Megrahi a été reçu par le Parlement africain comme l'ont été les infirmières bulgares par le Parlement européen".

Cinq infirmières et un médecin bulgares avaient été libérés par la Libye en juillet 2007 après huit ans passés en prison accusés d'avoir délibérément inoculé le virus du sida à plus de 400 enfants, dont 56 étaient décédés. L'accueil qui leur avait été réservé en Bulgarie avait provoqué l'irritation de Tripoli.

La libération de M. Megrahi, qui n'aurait plus que trois mois à vivre selon ses médecins, a suscité une vive controverse, en particulier aux Etats-Unis d'où sont originaires la majorité des 270 victimes.

La Libye avait célébré sa libération comme une victoire, alimentant des spéculations sur un échange "pétrole contre Megrahi" avec la Grande-Bretagne.

L'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, avait affirmé la semaine dernière que "pratiquement tous les Américains" avaient "été choqués" par l'accueil triomphal réservé à Megrahi à son retour à tripoli.

Elle a mis en garde l'imprévisible numéro un libyen, Mouammar Kadhafi, contre tout débordement lors de sa venue à New York fin septembre pour l'Assemblée générale des Nations unies.

Dans un communiqué publié mercredi par la presse, le ministère libyen des Affaires étrangères a réagi aux propos de Mme Rice, affirmant que la Libye "n'a pas accueilli un criminel ou un terrorste (...) mais une victime".

"La tribune des Nations unies est à tous les peuples du monde entier, même si elle se trouve aux Etats-Unis et personne ne nous dictera ce que nous dirons ou ce que nous ne dirons pas, surtout si le leader (Mouammar Kadhafi) parle au nom d'un continent (africain) libre", a encore ajouté le ministère.

Abdelbasset al-Megrahi avait été condamné en 2001 à la prison à vie pour son implication dans l'explosion d'un avion de la Pan Am en 1988 au-dessus du village écossais de Lockerbie.

M. Megrahi, seul condamné dans cet attentat, a toujours clamé son innocence. En 2003, la Libye a reconnu officiellement sa responsabilité dans l'attentat puis a payé 2,7 milliards de dollars en guise d'indemnisation aux familles des victimes.