
Durant trois semaines, l'agence spatiale américaine (Nasa) a testé en Islande un astromobile destiné à la prochaine mission "Mars Rover", prévue pour l’été 2020.
C’est au pied du deuxième plus grand glacier d’Islande, dans l'ouest de l'île, que la Nasa a envoyé une quinzaine de scientifiques et d’ingénieurs trois semaines durant en juillet. Le but pour l’agence spatiale américaine ? Tester un nouveau prototype d’astromobile – véhicule conçu pour explorer des astres autres que la Terre –, destiné à être envoyé sur Mars en 2020. Il est censé prolonger le travail du rover Curiosity, qui vient de fêter son septième anniversaire d’investigation sur la planète rouge.
L’Islande n’a pas été choisie au hasard par les scientifiques de Mission Control Space Service, entreprise canadienne de technologie spatiale mandatée par la Nasa pour l’expédition. Au pied du glacier se trouve le champ de lave de Lambahraun. Cette zone volcanique située à une centaine de kilomètres de la capitale Reykjavik est le terrain idéal pour préparer la mission de 2020. Sable noir de basalte, dunes formées par le vent et sommets de montagnes à proximité, il présente de fortes similitudes avec la surface de Mars. "Nous obtenons exactement le type de motifs et de transports de matériaux que les scientifiques souhaitent tester", a affirmé à l’AFP Adam Deslauriers, responsable espace et instruction pour Mission Control Space Services, présent sur place.
Et au-delà de ses paysages, l’Islande a "une minéralogie très similaire de celle que nous trouverions sur Mars", explique à l’AFP Ryan Ewing, professeur en géologie et géophysique à l’Université A&M du Texas. Peu de végétation, températures basses et forte concentration en magnésium et en fer dans certaines roches... L’Islande a d’ailleurs déjà servi de zone de test pour la Nasa par le passé. Pour la préparation des missions Apollo dans les années 1960, l’île volcanique était prisée des astronautes qui y effectuaient des formations grandeur nature.
Un robot "fondamentalement indestructible"
Le lieu semble idéal pour finaliser un robot encore à l’état de prototype, dont le départ dans l’espace est prévu entre le 17 juillet et le 5 août 2020. Il serait "fondamentalement indestructible", selon Adam Deslauriers, et donc beaucoup moins sensible que ses prédécesseurs à l’environnement et aux conditions de l’Islande, comme la pluie. Côté technique, l'engin – qui pèse tout de même 570 kg – fait fonctionner ses quatre roues motrices, entraînées par deux moteurs latéraux, à une vitesse d’environ 20 centimètres par seconde grâce à ses douze batteries de voiture.
Équipé de capteurs 3D, d’un ordinateur, d’une caméra à deux objectifs et d’instruments scientifiques, le robot recueille les données de l’environnement qui l’entoure, avant de les transmettre aux ingénieurs situés à quelques centaines de mètres de lui. Mais pour l’instant, il n'est pas en mesure de prélever et collecter des échantillons, et les scientifiques doivent encore se rendre sur la zone étudiée pour le faire par eux-mêmes. Cependant sa version finale, elle, en sera capable.
Depuis le 21 juillet 1969, date du premier pas sur la Lune, la conquête de Mars est un objectif récurrent des astronautes du monde entier. Afin de mieux connaître la planète rouge, plusieurs robots y ont été envoyés depuis les années 1960. Sojourner a été le premier astromobile à s'y poser en 1997. Le seul encore actif sur place est Curiosity, conçu par la Nasa, présent le 6 août 2012 dans le cratère de Gale. Si la mission "Mars Rover 2020" se déroule correctement, Curiosity devrait donc avoir un binôme robotique sur place d’ici à février 2021, le temps qu’il atteigne sa destination.