Au terme d’un périple cycliste de 4 000 kilomètres à travers huit pays, une femme, Fiona Kolbinger, a remporté la Transcontinental Race. Une première qui impressionne d’autant plus que l’Allemande était novice sur l’épreuve.
L’anonymat ou presque pour une performance pourtant majeure. Mardi 6 août, au petit matin, la cycliste Fiona Kolbinger est devenue la première femme à remporter la Transcontinental Race, au terme de dix jours, deux heures et 48 minutes d’efforts. À 24 ans, l’athlète allemande a devancé 263 autres concurrents – dont 40 femmes – au terme des 4 000 kilomètres de l’épreuve. Un périple entamé le 27 juillet en Bulgarie et donc conclu ce mardi à 7 h 48 locales à l’auberge de jeunesse de Brest, en Bretagne, loin du faste réservé quelques jours plus tôt à l’épilogue du Tour de France 2019.
BREAKING NEWS. Moment magique ! Emotion ! Elle a gagné la @transconrace ! 4000 kms en autonomie compléte, 10 days 2 hours, 48 mn. Arriving was 7h48 . Fiona Kolbinger devant plus de 200 hommes entre la Bulgarie-@BrestFr Maintenant manger, se doucher, dormir #TransContinentaleRace pic.twitter.com/vRYWWE1yeW
Antoine VAYER (@festinaboy) August 6, 2019"Je suis tellement surprise de gagner. Je visais le podium des femmes, je ne pensais pas que je pourrais gagner la course", a reconnu la championne sur le site officiel de l’organisation. Ravie, mais émettant d’emblée quelques réserves sur sa propre performance : "J'aurais pu attaquer encore plus, et dormir encore moins."
Pourtant, les chiffres donnent déjà le tournis. Fiona Kolbinger, première femme à remporter l’épreuve, a pédalé entre 15 et 17 heures par jour, s’offrant à peine quatre heures de sommeil quotidiennes. Des données à mettre en parallèle avec les difficultés rencontrées par la cycliste : elle a traversé pas moins de huit pays et escaladé quelques-uns des sommets les plus mythiques d’Europe, comme le col de Gardena, en Italie, ou ceux du Télégraphe, du Galibier et de l’Alpe d’Huez, en France.
Ce raid solitaire, la scientifique allemande – elle travaille dans le domaine de la recherche contre le cancer – l’a dominé de la tête et des épaules, en prenant les devants avant même la mi-course grâce à des choix d’orientation audacieux et, comme évoqué plus haut, une gestion du sommeil particulièrement optimisée.
"Fiona est vraiment très forte. C'est une cycliste complète. Oui, il faut être fort sur la Transcontinental Race, mais il faut aussi être capable de penser, d'organiser son périple et de réparer son matériel en cas de coup dur", expliquait Björn Lenhard, l'un des favoris, au soir de son abandon au troisième jour de l'épreuve. Lenhard qui, conscient de l’incroyable performance de sa compatriote, faisait partie du comité d’accueil restreint lorsqu’elle a franchi la ligne d’arrivée à Brest.
Il n’est pas le seul à avoir rendu hommage à la performance de Kolbinger, avant même qu’elle ait passé la ligne. Aux dizaines de messages d’anonymes sur Twitter se sont ajoutés ceux de figures reconnues de l’ultra-endurance, au premier rang desquelles le double-vainqueur de l’épreuve James Hayden, lauréat en 2017 puis en 2018.
For years we've waited, knowing it is possible. Finally and with a vengeance, Fiona Kolbinger has arrived @transconrace. I'm rooting for her. Rockstar. What a time for our sport. pic.twitter.com/VSVEJv1QS0
James Hayden (@JamesMarkHayden) July 31, 2019Pour sa toute première participation à l’épreuve, et avec très peu de références dans le milieu, Fiona Kolbinger a forcément marqué les esprits. Et son exploit rappelle celui, pas si lointain, de l’Américaine Lael Wilcox. En 2016, la cycliste originaire d’Anchorage, en Alaska, avait triomphé d’un autre mastodonte de l’ultra-endurance : la TransAmerica et ses 6 800 km, d’est en ouest des États-Unis.