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En Algérie, le président Bensalah nomme six personnalités pour un "dialogue national"

Le président algérien par intérim, Abdelkader Bensalah, a nommé jeudi une commission de six "personnalités" chargée de superviser un "dialogue" national. Aucune figure de la contestation n’en fait partie.

Six "personnalités" ont été chargées jeudi 25 juillet par le président par intérim Abdelkader Bensalah de mener le "dialogue" censé faire sortir l'Algérie de plusieurs mois de crise politique, a annoncé la présidence algérienne dans un communiqué. La liste ne contient aucune figure importante de la contestation.

Selon le communiqué, publié jeudi par l'agence officielle APS, M. Bensalah a reçu le même jour à Alger "les membres du Panel des personnalités, appelé à mener" ce dialogue, composé notamment de Karim Younès, ex-président de la Chambre basse et ancien ministre d'Abdelaziz Bouteflika, Fatiha Benabbou, professeure de droit public, et Smail Lalmas, chef d'entreprise. Y figurent également Bouzid Lazhari, professeur de droit public et ancien parlementaire de la Chambre haute, ainsi qu'Abdelwahab Bendjelloul, syndicaliste de l'enseignement, et Azzedine Benaissa, universitaire.

M. Bensalah, dont l'intérim a constitutionnellement pris fin le 9 juillet, avait proposé "un processus de dialogue (...) conduit et mené en toute liberté et en toute transparence" et sans la participation de l'État ni de l'armée. Il avait exclu que le dialogue aborde "les exigences irréalistes" de la contestation, "de nature (...) à entraîner notre pays dans une situation de vide constitutionnel".

Car la contestation réclame le départ du pouvoir de tous les anciens hauts responsables de la présidence Bouteflika, et ce avant tout scrutin. Rejetant cette revendication, le chef de l'État par intérim avait proposé début juillet un "dialogue" devant fixer les modalités de l'organisation rapide d'une présidentielle.

"Une transparence totale"

Comme chaque vendredi depuis plusieurs mois, des manifestations sont prévues pour le lendemain de la création de ce panel, vendredi 26 juillet.

Le dialogue "portera sur tous les aspects" liés à l'organisation du scrutin présidentiel "dans une transparence totale et une régularité sans failles", rappelle la présidence.

Sous les pressions conjuguées d'un mouvement de protestation inédit déclenché le 22 février et de l'armée, le président Abdelaziz Bouteflika a démissionné le 2 avril après 20 ans à la tête du pays. Ensuite, une présidentielle prévue le 4 juillet pour élire son successeur n'a pu être organisée faute de candidats. Aucune nouvelle date n’a été fixée.

Les partis et associations proches de la contestation – qui n'est incarnée par aucun leader – apparaissent désunis face à cette nouvelle offre de dialogue du pouvoir.

"Nous ne sommes pas des représentants" de la contestation

Ce dialogue est "le seul moyen à même de garantir une issue pacifique à la hauteur des aspirations des Algériens et Algériennes", et son but est d'organiser une "présidentielle libre et transparente dans les plus brefs délais", a expliqué, au nom du panel, M. Younès, dans une déclaration lue à la télévision.

"Nous insistons sur le fait que nous ne sommes pas des représentants du ‘Hirak’ (mouvement de contestation, NDLR) ni ses porte-paroles", a-t-il ajouté. M. Younès a toutefois assuré que le panel avait réclamé des "mesures d'apaisement", parmi lesquelles "la libération de tous les détenus du ‘Hirak’", "la levée de toutes les formes de pression sur les médias", et "la garantie de toutes les conditions" permettant aux Algériens de manifester pacifiquement.

Selon le communiqué de la présidence, M. Bensalah a fait part de sa "disponibilité" à "œuvrer" pour "étudier" ou "envisager" les mesures réclamées. Il est notamment prêt à "inviter la justice à examiner la possibilité d'élargissement des personnes" arrêtées dans les manifestations et à "envisager l'allègement du dispositif" sécuritaire qui empêche notamment l'accès d'Alger aux manifestants.

Avec l’AFP