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Les autorités ferment le bureau de l'opposant Mehdi Karoubi

Les autorités iraniennes ont fermé le bureau de l'ex-candidat réformateur à la présidentielle, Mehdi Karoubi, qui a refusé de reconnaître la réélection de Mahmoud Ahmadinejad et accusé le pouvoir de viol et de torture sur des manifestants.

AFP - Les autorités iraniennes ont encore serré la vis mardi à l'opposition, fermant le bureau de l'un de ses chefs, Mehdi Karoubi, et mettant en garde contre l'utilisation d'une journée pro-palestinienne pour organiser des manifestations hostiles au pouvoir.

"Le bureau de M. Karoubi a été fermé sur ordre du procureur de Téhéran (Abbas Jafari Dolatabadi) après que des agents munis d'un mandat du procureur se furent rendus sur place, près du palais Saadabat, dans le nord de Téhéran", a déclaré un porte-parole du dirigeant réformateur, Esmaïl Gherami Moghaddam.

M. Karoubi et d'autres ont été repoussés hors des locaux pendant le raid alors que le rédacteur en chef du site internet Etemad Melli de M. Karoubi a été arrêté, a-t-il dit, cité par l'agence de presse Ilna. "Ils ont fouillé les locaux et saisi des documents, des CD, des ordinateurs et des films".

Le quotidien de M. Karoubi, Etemad Melli, avait été suspendu en août par la justice.

Candidat malheureux à la présidentielle du 12 juin, M. Karoubi a refusé de reconnaître la réélection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad arguant d'une fraude massive, de même que le réformateur Mir Hossein Moussavi, principal rival de M. Ahmadinejad.

M. Karoubi a surtout provoqué la colère des ultraconservateurs en affirmant que des manifestants arrêtés lors des protestations contre le scrutin avaient été torturés et violés en prison. Les autorités ont démenti.

De son côté, la presse iranienne a fait état de "la saisie par des agents de documents et du matériel au bureau" du comité chargé des cas des manifestants détenus.

La contestation de la victoire de M. Ahmadinejad a entraîné des manifestations de masse sévèrement réprimées par les autorités, qui ont plongé le pays dans sa plus grave crise depuis la révolution islamique de 1979.

Au moins 4.000 manifestants avaient été arrêtés, dont quelque 150 restent sous les verrous, et trente personnes tuées, selon des chiffres officiels. L'opposition parle de 72 morts.

Pour sa part, la police iranienne a averti qu'elle empêcherait toute manifestation hostile au pouvoir au cours de la Journée "Qods" (Jérusalem) organisée chaque année en Iran par des rassemblements de solidarité avec les Palestiniens. Les rassemblements se tiendront cette année le 18 septembre.

"La journée Qods est prévue pour soutenir les droits des Palestiniens et condamner l'occupation et ne doit pas être détournée à des fins politiques", a averti le général Esmaïl Ahmadi Moghadam, cité par l'agence Irna, en ajoutant  que les événements post-électoraux "ne se reproduiront pas".

Selon plusieurs sites de l'opposition, des partisans de MM. Moussavi et Karoubi veulent profiter de cette occasion pour manifester contre la réélection de M. Ahmadinejad.

Enfin, selon un député membre de la commission d'enquête parlementaire sur les prisonniers, le nouveau procureur général de Téhéran est "opposé" aux audiences publiques lors des procès de personnes arrêtées lors des troubles.

M. Jafari Dolatabadi a déclaré que tant que les personnes jugées n'ont pas été condamnées, leur identité ne doit pas être révélée conformément à la loi, a dit ce député qui a requis l'anonymat, cité par l'agence Mehr.

Selon lui, le procureur veut également que les responsables du centre de détention de Kahrizak soient jugés. Selon les médias, des détenus y ont été frappés et maltraités et d'autres ont trouvé la mort après avoir reçu des coups.

Ce centre a été fermé sur ordre du guide suprême Ali Khamenei.