
François de Rugy, alors président de l’Assemblée nationale, et son épouse ont multiplié les dîners fastueux entre amis, aux frais de la République, rapporte Mediapart mercredi. "Un travail de représentation", répond l’actuel ministre d'État.
Président de l’Assemblée nationale entre 2017 et 2018, François de Rugy a organisé, avec son épouse, plusieurs dîners somptueux entre amis, le tout aux frais de la République française, selon les révélations mercredi du site Mediapart. L'actuel ministre de la Transition écologique préfère lui qualifier ces soirées de "dîners informels liés à l’exercice de ses fonctions avec des personnalités issues de la société civile" et assure qu'il s'agissait d'un "travail de représentation".
Documents, photos et témoignages à l'appui, le site d'investigation a recensé une dizaine de ces dîners dans les murs de la résidence du président de l'Assemblée nationale, entre octobre 2017 et juin 2018, qui rassemblaient à chaque fois entre dix et trente invités.

Homards géants et grands crus à 500 euros la bouteille
Ces invités appartenaient pour l'essentiel au cercle relationnel et amical de son épouse, Séverine de Rugy, journaliste au magazine Gala.
À table, homards géants finement préparés, champagne et grands crus issus des caves de l'Assemblée nationale servis dans des verres en cristal. Comme un Mouton-Rothschild 2004 apparaissant sur une photo mise en ligne par Mediapart, d’une valeur estimée à au moins 500 euros.
Ces somptueuses agapes dignes de grands dîners d’État auraient pris de telles proportions qu’elles avaient suscité l’indignation de certains fonctionnaires de l’Assemblée nationale, dont le personnel a été mis à contribution à de très nombreuses reprises. Ces réceptions avaient lieu dans les salons de l’hôtel de Lassay, la résidence du président de l’Assemblée nationale, parfois jusqu’à tard dans la nuit, sans qu’il y ait de lien évident avec les fonctions d’alors de François de Rugy.
"Je l'assume totalement"
Une pratique en totale contradiction avec la volonté affichée de l’homme politique pour la transparence et une meilleure gestion des dépenses publiques au Parlement. En septembre 2017, dans l’émission Quotidien, il réclamait ainsi une "comptabilité analytique, transparente, et qu’on sache bien, à l'Assemblée nationale, qu'est-ce qui coûte quoi. Aussi bizarre que ça puisse paraître, aujourd'hui ce n’est pas le cas."
Réagissant mercredi par le biais de son cabinet, François de Rugy a mis en avant "un travail de représentation" requis par ses fonctions de président de l'Assemblée nationale, niant toute "soirée fastueuse", selon un texte transmis à l'AFP. Ce travail consistant à "rencontrer, représenter aussi l'Assemblée, défendre l'Assemblée nationale auprès de gens de la société civile, c'est normal, je l'assume totalement", a-t-il dit sur France Inter, dénonçant "un article pamphlétaire".
La réponse de @FdeRugy à l'article de @Mediapart sur ses réceptions en tant que président de l'Assemblée nationale : "Je n'accepte pas qu'on nous attaque moi et ma femme, nous n'avons rien à nous reprocher, ni elle ni moi" #le69inter pic.twitter.com/pTUbbs5OYf
France Inter (@franceinter) 10 juillet 2019Dîner de Saint-Valentin
Le site d’informations révèle aussi que le personnel et les moyens de l’Assemblée nationale ont été mobilisés pour des dîners intimes des époux de Rugy, comme lors de la soirée de Saint-Valentin 2018. "Le service de restauration de l’hôtel de Lassay a eu la délicate attention, sans qu’aucune demande préalable leur soit faite, de décorer la table de François de Rugy et son épouse", a justifié l’entourage du ministre.
L’actuel ministre d'État avait déjà été mis en cause à l'été 2018 par un article du Parisien évoquant de supposées "curieuses dépenses" – qui n'avaient rien d'illégal –, dont un troisième chauffeur (pour des raisons de "sécurité", selon M. de Rugy) ou un vélo elliptique.
Réagissant aux révélations de Mediapart sur ses dîners fastueux sur fonds publics à l'Assemblée nationale, François De Rugy ne dit pas tout à fait la même chose que son épouse, qui les organisait... https://t.co/BnJpW3pJHp pic.twitter.com/cXSQfHcjFE
Fabrice Arfi (@fabricearfi) 10 juillet 2019Avec AFP