![Le moral des cadres s'améliore mais la méfiance persiste Le moral des cadres s'améliore mais la méfiance persiste](/data/posts/2022/07/15/1657853072_Le-moral-des-cadres-s-ameliore-mais-la-mefiance-persiste.jpg)
Le moral des cadres français s'améliore, selon le 5e baromètre Viavoice. Mais cette embellie cache une méfiance persistante : les cadres estiment que les racines de la crise sont toujours là et que les risques de crise se sont diversifiés.
Analyse de François Miquet-Marty, Viavoice
L’histoire s’écoulerait-elle pour rien ? Un an après l’amplification de la crise économique et financière (la faillite de la banque Lehman Brothers date du 15 septembre 2008), l’opinion publique estime-t-elle que la conjoncture s’améliore, et que les racines du mal ont été, sinon éradiquées, du moins sérieusement traitées ? Les réponses des cadres français, recueillies lors du présent sondage, sont édifiantes :
- Certes, le moral des cadres retrouve progressivement des couleurs ;
- Mais sur le fond, les cadres estiment que les racines de la crise sont toujours là, et que les risques de crise se sont diversifiés.
Un moral en progression
Le moral des cadres s’améliore. L’indice synthétique s’établit désormais à -30, soit une progression de 4 points par rapport aux données enregistrées avant l’été, et de 15 points par rapport à l’étiage enregistré en février dernier.
Cette poursuite de l’amélioration tient pour l’essentiel à la progression de la motivation des cadres : 60 % d’entre eux considèrent désormais que leurs collaborateurs sont "motivés", soit une progression de 4 points par rapport aux données recueillies précédemment et, surtout, un score supérieur à tous ceux enregistrés depuis au moins un an.
Par ailleurs, de façon plus mineure, le pessimisme des cadres en matière d’emploi tend à décliner : avant l’été, 91 % des cadres estimaient que "le nombre de chômeurs en France" allait augmenter ; aujourd’hui, 80 % partagent cette opinion. Ce score demeure bien évidemment extrêmement élevé, mais il est en baisse de 11 points.
Ces résultats encourageants s’expliquent pour une large part par les éléments de conjoncture macro-économiques médiatisés ces dernières semaines :
- En matière de croissance : la France est sortie de la récession avec une hausse de son PIB de 0,3 % au deuxième trimestre, accompagnée par l’Allemagne, son principal partenaire économique ; aux Etats-Unis également, les résultats ont également été meilleurs que prévus puisque la récession est limitée à 1,0 %, contre 6,4 % au trimestre précédent ;
- En matière de consommation : au mois de juin, la consommation des ménages en produits manufacturés est repartie à la hausse (+1,4 %) ;
- En matière boursière : le CAC40 a retrouvé le niveau qui était le sien il y a 10 mois ;
- En matière sectorielle : le secteur automobile a profité de la prime à la casse qui a fait repartir les ventes, et la crise de l’immobilier s’atténue ;
- Concernant la situation des grandes entreprises, lesquelles ont affiché, pour le premier semestre, des résultats moins mauvais que ceux qui étaient anticipés.
La persistance des racines du mal, l’installation de risques nouveaux
Cette érosion du pessimisme à propos de la conjoncture masque, en réalité, des perceptions très sombres concernant les fondements de notre système économique et financier. Deux inquiétudes majeures alimentent ce constat :
- Les cadres pensent fondamentalement que les racines de la crise n’ont pas été éradiquées, loin s’en faut : 81 % d’entre eux estiment que "les Etats et les banques" n’ont "pas fait ce qu’il fallait pour éviter qu’une telle crise se reproduise".
Cette conviction est notamment sous-tendue par une idée forte : 81 % des cadres pensent que l’on n’a pas "fait ce qu’il fallait pour réduire les produits financiers dérivés".
- De surcroît, les cadres estiment massivement (78 %) que "l’accroissement de la dette publique constitue maintenant un risque majeur de crise pour l’avenir".
Ces perceptions sont accablantes parce qu’elles sont de nature à entretenir :
- Un scepticisme durable des cadres envers les grands trends économiques (au-delà des variations mensuelles) ;
- Une défiance persistante envers les institutions, qu’il s’agisse des Etats ou des banques.
Sur le fond, la situation actuelle est inédite parce que non seulement les racines de la crise, mais également ses thérapies, sont considérées comme des menaces susceptibles, demain, d’ouvrir une crise d’ampleur similaire. Les racines du mal et ses thérapies : autrement dit, un an après l’amplification de la crise, les cadres ont des raisons bien plus vastes de craindre de nouveaux dérèglements.
Sur ce registre, en ce mois de septembre 2009, l’amorce de sortie de la crise n’a pas eu lieu.