Le Bolshaya Udina, un volcan de l’est de la Russie déclaré éteint depuis toujours, semble amorcer son réveil selon les recherches de volcanologues. Son éventuelle explosion pourrait avoir des conséquences aussi dévastatrices que celle du Vésuve.
Un gigantesque volcan russe, déclaré éteint depuis toujours, pourrait se réveiller prochainement selon un rapport publié par une équipe de volcanologues dans la revue scientifique Science Direct. Le Bolshaya Udina, situé sur la péninsule de Kamtchatka, dans l'est de la Russie, présente depuis décembre 2017 une activité sismique très inhabituelle. À tel point qu’il a été comparé au Vésuve par les chercheurs qui l’étudient.
Des tremblements de terre de plus en plus fréquents
"Lorsqu’un volcan est en activité, comme l’Etna (Sicile) ou le Stromboli (au nord de la Sicile), son énergie est constamment relâchée, donc ce n’est pas forcément dangereux", explique à France 24 Ivan Koulakov, vice-directeur de l’Institut de Géologie et géophysique de l’Académie des sciences de Russie, et auteur principal des recherches. "Dans le cas de l’Udina, c’est l’accumulation qui présente un problème : la surface d’un volcan dormant pendant des milliers d’années devient très rigide, et la pression qu’il contient est très forte, ce qui peut causer une immense explosion. Comme ce fut le cas pour le Vésuve", qui lors de son éruption en 79 avait englouti intégralement la ville de Pompéi, en Italie.
Ce qui a alerté en premier lieu les scientifiques, c’est la fréquence et la magnitude des tremblements de terre alentours, "qui ne cessent d’augmenter depuis décembre 2017", commente Ivan Koulakov. Mais aussi la composition des roches de l’Udina, "très acide, comme celle du Vésuve, ou de son voisin russe Bezymianny, qui a causé l’une des plus fortes explosions du monde entier en 1956". Des caractéristiques suspectes, malgré une période "plutôt calme" en terme d’explosions volcaniques.
L’impact imprévisible des volcans
Si la péninsule de Kamtchatka est un endroit reculé, la potentielle explosion de l’Udina pourrait avoir des conséquences bien au-delà de sa zone géographique. "En 1600, le volcan Huaynaputina (sud du Pérou) est entré en éruption, et un immense nuage de cendres s’est déplacé dans la stratosphère", continue Ivan Koulakov. "Ça a causé un changement climatique et des catastrophes dans le monde entier, dont la famine russe de 1601." Impossible donc de prévoir les impacts exacts que peut avoir l’éruption d’un volcan sur la surface du globe. En 2010, la soudaine activité du volcan islandais Eyjafjallajökull avait immobilisé une grande partie de l’espace aérien européen pendant près d’un mois.
Cependant, le chercheur tempère : "On ne peut pas encore affirmer que l’Udina va entrer en éruption. Beaucoup de volcans se réveillent, sans forcément qu’il y ait une explosion derrière", avant de préciser que l’un de ses collègues installera cet été quatre stations sismiques fixes sur le site de Kamchatka. "Nous pourrons alors le surveiller à distance, ce qui est beaucoup plus pratique vu la difficulté d’accès du lieu".