L'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a mis en garde lundi contre la "tentation de l'homme fort", incarné selon lui par le maréchal Haftar, dont l'offensive militaire contre Tripoli met à mal les efforts de réconciliation en Libye.
Ghassan Salamé a mis en garde lundi 29 avril contre la "tentation de l'homme fort" en Libye. L'envoyé spécial de l'ONU a ainsi émis des réserves sur le maréchal Khalifa Haftar, dont l'offensive militaire contre Tripoli fragilise les efforts de réconciliation dans le pays et "brise" l'unité de la communauté internationale.
Le maréchal Haftar, "ce n'est pas Abraham Lincoln, ce n'est pas un grand démocrate, mais il a des qualités, il veut unifier le pays", a-t-il déclaré sur France Inter. "Il veut aussi un pouvoir qui ne soit pas dans les mains des groupes armés, ce qui est aussi une qualité."
"Mais comment va-t-il le faire ? À le voir agir, on peut avoir des craintes sur ses méthodes, car, effectivement, là où il gouverne, il ne gouverne pas doucement, il gouverne avec une main de fer", a-t-il poursuivi.
L'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar, homme fort de l'est de la Libye, a lancé une offensive début avril pour conquérir la capitale, tenue par les forces loyales au Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale.
Selon l'Organisation mondiale de la santé, au moins 278 personnes ont été tuées et 1 332 ont été blessées depuis le 3 avril dans les combats meurtriers, suscitant l'inquiétude des organisations humanitaires qui évoquent des "milliers de personnes" contraintes de fuir les affrontements.
"Division profonde" à l’ONU
Face à la dégradation de la situation sur le terrain, le Royaume-Uni a présenté mi-avril un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU en vue d'instaurer un cessez-le-feu, mais s'est heurté au refus de la Russie et des États-Unis, selon des sources diplomatiques.
"Je souffre aujourd'hui d'une division très profonde du Conseil de sécurité", a déploré Ghassan Salamé. "Il faut refaire un minimum d'unité internationale qui s'est brisée avec l'action du 3 avril, c'est la raison pour laquelle je fais le tour des capitales qui comptent."
Le passage de l'envoyé spécial en France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, n'est pas un hasard. Paris est accusé depuis plusieurs semaines par les opposants au maréchal Haftar de soutenir ce dernier et de cautionner son offensive militaire – ce que la France dément catégoriquement.
Avec AFP