Au moins un manifestant est décédé à Omdourman, ville jumelle de la capitale soudanaise Khartoum où des milliers de personnes ont défilé samedi pour réclamer la démission du président Omar el-Béchir, avant d'être dispersés par des gaz lacrymogènes.
Des milliers de manifestants ont affronté samedi 6 avril les forces de sécurité soudanaises près de la résidence du président Omar el-Béchir, dans le centre de la capitale Khartoum, dans ce qui semblait être le plus important rassemblement depuis le début du mouvement de contestation l'an dernier.
Une manifestation a aussi eu lieu dans la soirée à Omdourman, deuxième ville du pays, qui fait face à Khartoum, sur l'autre rive du Nil. Selon l'agence de presse officielle Suna, citant des rapports de police, un civil a succombé à des blessures subies lors d'une "émeute" à Omdourman. Un comité de médecins, qui faisait partie des organisateurs de ces manifestations, a indiqué que la personne décédée était un médecin.
Les manifestants font état quant à eux de 5 personnes tuées par des forces de sécurité durant le week-end.
Selon les autorités, 32 personnes seraient décédées depuis le début des violentes manifestations antigouvernementales en décembre. Dans un précédent bilan, l'ONG Human Rights Watch (HRW) évoquait le chiffre de 51 morts.
Des manifestants devant le QG de l'armée
Pour la première fois samedi, les manifestants ont atteint l'entrée des bâtiments qui abritent le siège de l'armée et le ministère de la Défense dans la capitale Khartoum, ont rapporté des témoins. Les forces anti-émeutes soudanaises ont tiré des gaz lacrymogènes tandis que des contestataires leur ont lancé des pierres avant de se disperser.
Les manifestations ont débuté au Soudan le 19 décembre en raison d'un triplement du prix du pain et d'autres difficultés économiques, et elles ont tourné peu à peu à un mouvement de contestation contre Omar el-Béchir, à la tête du pays depuis 1989.
À la tombée de la nuit, la tension est retombée après que les forces de sécurité ont battu en retraite. Plusieurs milliers de personnes étaient toujours rassemblées aux abords de la résidence présidentielle et, selon des témoins, des jeunes dansaient et chantaient, disant qu'ils resteraient sur place jusqu'à ce qu'Omar el-Béchir quitte le pouvoir.
Celui-ci a refusé de démissionner et fait face à son plus grand défi depuis son arrivée au pouvoir, estiment des experts. Après avoir tenté de réprimer la contestation par la force, il a instauré l'état d'urgence dans tout le pays le 22 février.
Avec AFP et Reuters