
En plein marasme économique, le président soudanais a décrété l’état d’urgence, vendredi, et annoncé la dissolution du gouvernement. La contestation sociale a évolué vers des manifestations pour réclamer le départ du chef de l'État.
Alors que la contestation sociale se poursuit au Soudan, le président Omar el-Béchir a déclaré l'état d'urgence dans l'ensemble du pays, vendredi 22 février, "pour un an" et annoncé le limogeage du gouvernement ainsi que des instances dirigeant les provinces du pays.
Les manifestations se multiplient au Soudan depuis deux mois. À l’origine visant à protester contre une hausse du prix du pain dans un contexte de marasme économique, elles se sont rapidement transformées en un mouvement réclamant la "chute" du président Béchir, au pouvoir depuis 1989 et visé par deux mandats d’arrêt internationaux pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide.
"Je décrète l'état d'urgence dans tout le pays pour un an", a déclaré le président soudanais, 75 ans, dans un discours télévisé à la nation.
"J'annonce la dissolution du gouvernement aux niveaux fédéral et provincial", a ajouté l'homme fort du pays, qui compte briguer un troisième mandat en 2020.
"Notre pays traverse une situation difficile et compliquée, la plus difficile de son histoire", a plaidé Omar el-Béchir. "Les problèmes économiques doivent être traités par des gens qualifiés et à cette fin, je formerai un gouvernement composé de personnes aux qualités requises", a-t-il ajouté
Réagissant à ces annonces, l'Association des professionnels soudanais (APS), fer de lance du mouvement de contestation, a affirmé qu'elle continuerait à appeler à manifester jusqu'à ce que le président démissionne.
"Nous appelons notre peuple à continuer les manifestations jusqu'à ce que l'objectif principal de ce soulèvement, qui est le départ du chef du régime, soit atteint", a-t-elle indiqué dans un communiqué, vendredi, après le discours du président.
Jeudi encore, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays dont la capitale Khartoum, où des militants et membres de l'opposition soudanaise ont été arrêtés.
Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le début des troubles. L'ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts, dont des enfants et des personnels médicaux.
Des centaines de manifestants, dont des chefs de l'opposition, des militants et des journalistes, ont été emprisonnés par le puissant service du renseignement (NISS).
Inébranlable face à ce qui constitue, selon des experts, son plus grand défi en trois décennies, le chef de l'État envisage de briguer un troisième mandat lors de la présidentielle de 2020.
Avec AFP