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Le 1er janvier 2019 marquera les soixante ans de la révolution castriste portée par Fidel Castro et son frère Raul. Le régime est de plus en plus bouleversé par des changements économiques, politiques et sociaux.

"La Révolution cubaine est invincible, elle grandit et perdure." À en croire le tweet publié par le chef d'État Miguel Diaz-Canel à la veille du 60e anniversaire de l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro (1926-2016) à Cuba, le régime communiste a survécu à son héros.

La #RevoluciónCubana es invencible, crece, perdura. El 2018 ha sido un año de arduo trabajo para nuestro pueblo, que con la valentía y nobleza que lo ha caracterizado, continuó al frente de todas las batallas emprendidas en estos doce meses.#YoVotoSí #SomosCuba #SomosContinuidad pic.twitter.com/ufkb7DSmBQ

  Miguel Díaz-Canel Bermúdez (@DiazCanelB) 27 décembre 2018

Derrière cette affirmation se cache toutefois une réalité bien différente : le régime castriste, vivement opposé au capitalisme, se met à l'heure du numérique, développe ses petites et moyennes entreprises et cherche désespérément des investissements étrangers pour faire face à une croissance inférieure aux prévisions (1 % contre les 4 % annoncés). Autant de signes qui marquent "une phase de transition sur l'île", estime Janette Habel, spécialiste de Cuba et enseignante à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine à Paris III, interrogée par France 24. Plusieurs petites révolutions politiques et économiques s'opèrent progressivement sur l'île. Même si certaines orientations persistent.

  • La révolution numérique

Depuis l'arrivée au pouvoir de Miguel Diaz-Canel en avril dernier, Cuba tente de rattraper son retard en matière numérique. Pour y parvenir, le chef de l'État cubain a dû faire face, selon Janette Habel, "à beaucoup d'hésitations et de réticences de la part de certains responsables du parti".

L’île est longtemps restée un des rares territoires non connecté. L'ouverture s'est amorcée en 2015, quand le premier espace de wifi public a été créé. Mais Cuba reste le pays le plus déconnecté des Amériques, selon un rapport d’Amnesty International de 2016 : seuls 5% des foyers sont connectés à Internet.

Depuis le 6 décembre, l'entreprise publique des télécommunications Etecsa a ouvert l'accès à internet sur mobile. Une avancée importante qui a entraîné des progrès démocratiques conséquents, comme l'apparition de blogs tenus par la jeune génération. "Aujourd'hui à Cuba, on débat beaucoup plus que par le passé", témoigne Janette Habel.

Reste que cela a un coût : 30 pesos convertibles (CUC) par mois, l'équivalent du salaire mensuel moyen dans le secteur privé.

  • Une nouvelle Constitution et des débats
     

Ce projet, qui a été adopté le 22 décembre par les députés, doit remplacer la Constitution datant de 1976. "Cette nouvelle mouture condense à elle seule la transition que vit l'île entre l'ancien et le nouveau", estime Janette Habel. En effet, le document maintient le rôle du Parti unique mais entérine l'ouverture socio-économique du pays en cours depuis que Raul Castro a succédé à son frère en 2008.

Ce nouveau texte, qui doit encore être soumis à un référendum le 24 février prochain, reconnaît notamment l'existence du secteur privé qui a fleuri au cours des dix dernières années et consacre l'importance des investissements étrangers. Autre nouveauté qui tranche avec le régime castriste : le président est désormais soumis à une limite d'âge et ne pourra exercer que deux mandats de cinq ans. Il devra aussi compter sur un "Premier ministre", dont la fonction a été introduite. "Cela peut impliquer une certaine déconcentration du pouvoir", souligne la spécialiste de Cuba.

Autre nouveauté : cette révision de la Constitution a fait l'objet de débats très importants dans la société. Une consultation publique s'est échelonnée sur trois mois et a donné lieu à de minimes modifications. "Les Cubains de l'étranger ont aussi pu y participer grâce à Internet", précise Janette Habel. La diaspora n'aura toutefois pas le droit de voter en février.

  •  Un projet de loi électorale en 2019

Selon Janette Habel, "les modalités de l'élection présidentielle sont en discussions au sein d'une commission ad hoc". Le système électoral, qui se caractérise par l’interdiction de faire campagne et de financer les candidats, devrait être soumis à modification concernant les modalités d'inscription. "Des candidats d'ouverture, comme des figures liés à l'Église ou des personnalités autonomes au sein du Parti communiste pourrait peut-être se présenter", précise-t-elle.

  • L'art cubain réglementé

Les artistes cubains, ambassadeurs emblématiques de la révolution castriste à l'étranger, seraient-elles menacées ? En cause : le décret 349, qui stipule que tous les artistes ont l’interdiction de se produire dans des lieux publics ou privés sans l’autorisation préalable du ministère de la Culture. En cas d'infraction, des amendes et des confiscations de matériel sont prévus.

La loi, l'une des premières signées par Miguel Diaz-Canel, est loin de marquer une avancée en matière de liberté. Elle pénalise tout art jugé pornographique, violent, sexiste, vulgaire, ou qui porte atteinte à la “dignité humaine”. "Des valeurs subjectives qui donnent lieu à une vive contestation de la part des artistes et intellectuels cubains", précise Janette Habel. Depuis plusieurs mois, le milieu artistatique se mobilise pour dénoncer ce texte et des arrestations ont eu lieu.

#UmbrellaArtFoundation : una alternativa para apoyar a artistas independientes que han sido censurados. No se pierdan hoy #CubanBasel en Sala Furniture #Miami ☂️????
Poster collab con @marichalmarich1 ????❤️
“ Allá te censuran, pero con nosotros suenas” #LibertadParaCuba #NoAl349 pic.twitter.com/XDO3d3VgKU

  La Jiri Punk ???????????? (@JirilibreLa) 9 décembre 2018