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La réforme du système de santé d'Obama donne la fièvre à ses opposants

, correspondant à Washington – La refonte du système de santé voulue par Barack Obama déclenche les passions aux États-Unis - les républicains et l'extrême droite accusant le président américain de socialisme exarcerbé.

La refonte du système de santé voulue par Barack Obama déchaîne les passions aux Etats-Unis. L’extrême droite a lancé une vaste campagne médiatique pour dénoncer une dérive socialisante de la part de la majorité démocrate. Et cet été, c'est elle qui fait le plus de bruit et non les 47 millions d’Américains sans assurance.

"Je n’aime pas que le gouvernement se mêle de mes affaires. Je suis Américaine, je suis indépendante et je tiens à mes libertés. Je ne veux pas que l’Etat s’occupe de moi", explique Patty Anderson, mère au foyer venue manifester devant l’une des nombreuses réunions publiques organisées pour expliquer la réforme Obama. Plus loin, d’autres arborent une photo trafiquée du président américain avec une moustache d’Hitler.

Un débat qui dégénère

Pour Joe Cesa, sans assurance maladie depuis des années, le débat a totalement dégénéré. Pour lui, il ne s’agit pas de vouloir devenir un assisté : "Ces gens n’ont pas compris que la plupart des Américains sans couverture santé sont des travailleurs, comme moi !"

Joe a perdu sa couverture maladie il y a des années. Patron de café à Philadelphie, il ne pouvait plus se permettre de payer une assurance à "plusieurs milliers de dollars". Lorsque son commerce marchait, il avait de quoi payer les factures médicales. Mais depuis le dépôt de bilan, Joe se sent vulnérable au premier souci de santé. Il y a quelques mois, il a ressenti des douleurs à la poitrine, mais pas question de voir un docteur. "Je savais que le truc à ne pas faire, ce serait d’aller aux urgences car je sais que si je leur dis que j’ai mal à la poitrine, c’est le cardiologue qui va ma voir et tout un tas de spécialistes. Le tout couterait quoi ? 10 000, 20 000 dollars ? Je n’ai pas cette somme et je ne veux pas avoir à payer une dette pareille jusqu’à la fin de mes jours."

Reconstruire le réseau de généralistes

Eviter le passage par la case urgences : c’est aussi le but du docteur Taler, qui pratique à Washington. Ce généraliste est d’une espèce rare : il fait des visites à domicile, peu communes aux États-Unis. En se rendant régulièrement chez ses patients, il leur évite de coûteux séjours aux urgences, l’une des raisons principales de l’explosion du prix des assurances. Pour ce médecin, au-delà des questions idéologiques, la priorité c’est avant tout de reconstruire le réseau de généralistes.

"Dans le reste du monde industrialisé, le généraliste est à la base du système de santé. Aux États-Unis, ce n’est plus le cas. Si on peut s’occuper des plus faibles parmi nous sans passer par l’hôpital et surtout sans passer par les urgences, alors je pense qu’on peut faire de vraies économies", explique-t-il.

Assurer le suivi de toute la population et éviter les hospitalisations superflues : pour de nombreux professionnels, c’est la clé d’un système de santé moins cher et donc accessible à tout le monde.