
Un vol test d'un drone intercepteur Sting dans un lieu non divulgué en Ukraine. © Wild Hornets
Petit mais costaud : l'intercepteur Sting a abattu plus d'un millier de drones kamikazes russes en seulement quatre mois, dont la moitié rien qu'en octobre, a annoncé début novembre Wild Hornets, l'entreprise ukrainienne à l'origine de cette arme low-cost censée répondre aux défis posés par l'armada de drones déployée par Moscou.
Développé depuis plus d'un an, le Sting a été imaginé comme l'antidote au poison des drones kamikazes, en particulier le Shahed, d'origine iranienne, pilier de l'arsenal russe depuis le début de son invasion à grande échelle de son voisin ukrainien.
"Le déploiement complet du système prend jusqu'à 15 minutes. Il se lance sans catapulte, depuis n'importe quelle surface plane, grimpe en altitude en quelques secondes et intercepte instantanément sa cible. Si la cible n'est pas trouvée ou a déjà été détruite par un autre Sting, le drone peut être ramené en toute sécurité", indique Wild Hornets qui vante un drone "rapide et agile" capable d'engager une cible dans un rayon de 25 kilomètres.
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Accepter Gérer mes choixRiposte adaptée
Construit à l'aide d'imprimantes 3D, le Sting se compose d'un châssis aérodynamique propulsé par quatre rotors. De faible envergure, l'engin est capable d'atteindre une vitesse de vol de 343 km/h. Il est équipé d'une ogive hautement explosive pesant quelques centaines de grammes qui se déclenche à l'impact.
Au sein de l'armée ukrainienne, une unité spécialisée, baptisée les Night Hornets, est dédiée à la formation de nouveaux opérateurs. Le maniement du Sting repose sur un binôme composé d'un pilote muni d'un casque de réalité virtuelle et d'un opérateur radar chargé d'identifier la position du drone adverse.
En plus de son efficacité et de sa facilité d'utilisation, le Sting a l'énorme avantage de ne coûter presque rien : environ 2 500 dollars (environ 2 100 euros). Une aubaine pour l'Ukraine qui cherche une riposte adaptée à la menace des drones low-cost de Moscou.
Depuis le début de l'année, l'armée russe a considérablement intensifié ce type d'attaques mobilisant régulièrement des centaines d'engins pour saturer les défenses anti-aériennes de Kiev. Le week-end dernier, Moscou a ainsi lancé plus de 450 drones et 45 missiles, ciblant des sites énergétiques et d'autres infrastructures à travers l'Ukraine, a affirmé le président Volodymyr Zelensky. Selon plusieurs sources occidentales, les Russes pourraient bientôt être en mesure de lancer des attaques de 2 000 drones sur l'Ukraine.
Ces salves aériennes massives ont pour objectif de saper le moral de la population ukrainienne qui se prépare à un quatrième hiver sous les bombes mais aussi d'épuiser les précieuses munitions anti-aériennes fournies par les alliés occidentaux de Kiev, à l'image des Patriot américains, dont le coût unitaire atteint les trois millions de dollars. Des armes bien trop rares et coûteuses pour abattre des drones dont le prix oscille entre 20 000 et 50 000 dollars.
Contre-mesures
Fabriqués à grande échelle sur le territoire ukrainien, les intercepteurs doivent permettre à Kiev de réserver ses missiles les plus sophistiqués pour d'autres menaces aériennes, telles que les missiles de croisière et les missiles balistiques.
Si les bonnes performances du Sting se confirment, Kiev pourrait donc avoir enfin trouvé la solution à l'équation qui obsède les stratèges militaires occidentaux. Nul doute qu'un tel intercepteur low-cost devrait intéresser les pays de l'Otan qui envisagent la création d'un mur anti-drones devant les incursions à répétition d'engins volants suspects dans le ciel européen. Ce dernier combinerait plusieurs technologies comme des capteurs acoustiques, des radars, des systèmes de brouillage et des drones intercepteurs.
En juillet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fixé comme objectif aux entreprises ukrainiennes de produire 1 000 drones de ce type par jour, poussant les fabricants à augmenter leur production pour suivre le rythme imposé par Moscou. Cet été, Kiev a signé un accord avec la société américaine Swift Beat pour produire des centaines de milliers de drones intercepteurs dès cette année. En septembre, le Royaume-Uni a également annoncé lancer la production en série de milliers de ce type d'engins en collaboration avec l'Ukraine.
Après les drones FPV (First person view) puis les drones à fibre optique, les drones intercepteurs pourraient encore rebattre les cartes du champ de bataille sur le front ukrainien. Mais comme toujours, chaque innovation technologique finit par connaître une contre-mesure. Ces derniers mois, le Kremlin a notamment multiplié les lancements de drones kamikazes plus rapides et difficiles à détecter. Dernier-né de ces munitions rôdeuses russes, le Geran-3 capable de voler à plus de 500 km/h, bien au-delà de la vitesse maximale actuelle des intercepteurs ukrainiens.
