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Le responsable humanitaire de l'ONU salue des "discussions constructives" avec l'exécutif soudanais
Le chef des opérations humanitaires de l'ONU a salué mardi des "discussions constructives" avec le chef de l'armée soudanaise Abdel Fattah al-Burhane. Fin octobre, le gouvernement soudanais avait expulsé les deux principaux responsables du Programme alimentaire mondial de l'ONU, sans aucune explication. 
Une Soudanaise qui a fui la ville d'El-Facher après que les forces paramilitaires soudanaises ont tué des centaines de personnes dans la région occidentale du Darfour, attache sa tente dans son camp à Tawila, au Soudan, le dimanche 2 novembre 2025. © Mohammed Abaker, AP

Le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, a salué des "discussions constructives" avec le chef de l'armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, mardi 11 novembre à Port-Soudan, capitale provisoire du pays déchiré par plus de deux ans de guerre.

"Je me réjouis des discussions constructives" avec le général Burhane "cet après-midi, visant à garantir que nous puissions continuer à opérer partout au Soudan, de manière neutre, indépendante et impartiale, pour tous ceux qui ont un besoin urgent de soutien international", a-t-il déclaré dans une vidéo publiée par le Conseil de souveraineté présidé par le chef de l'armée. 

Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU avait annoncé le 29 octobre dernier que ses deux principaux responsables au Soudan avaient reçu l'ordre du ministère des Affaires étrangères de quitter dans les 72 heures ce pays déchiré par la guerre, sans aucune explication.

"Cette décision d'expulser le directeur national et le coordinateur des urgences du PAM intervient à un moment crucial. Les besoins humanitaires au Soudan n'ont jamais été aussi importants, avec plus de 24 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë", avait précisé le PAM dans un communiqué.

La communauté internationale doit agir immédiatement pour mettre fin aux "terribles atrocités" commises à El-Facher, au Soudan, a déclaré lundi 10 novembre le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, exhortant la communauté internationale à ne pas attendre que la situation dégénère en "génocide".

Les Forces de soutien rapide (FSR), une milice paramilitaire en guerre contre l'armée depuis avril 2023, ont pris le contrôle d'El-Facher, dernier bastion militaire du Darfour occidental le 26 octobre.

Depuis la prise de la ville après un siège éprouvant de 18 mois, les Nations Unies et les organisations de défense des droits humains ont signalé de nombreuses exactions, notamment des exécutions et des enlèvements à caractère ethnique. 

Après cette rencontre, le général Burhane, dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'État de 2021, a de son côté réaffirmé son "engagement à coopérer avec l'ONU" dans un communiqué officiel.

"Faire pression" pour garantir l'accès aux humanitaires 

Au premier jour de sa visite au Soudan, Tom Fletcher a également rencontré le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelaty, et son homologue soudanais, notamment pour discuter de la question humanitaire, selon un communiqué officiel égyptien. 

Tom Fletcher a dit sur X  vouloir "faire pression" pour garantir "l'accès et le financement nécessaires" aux équipes humanitaires au Soudan. 

Le général Burhane avait récemment répété dans un discours télévisé que ses forces allaient "venger ceux qui ont été tués et maltraités (....) dans toutes les régions attaquées par les rebelles". 

Les FSR ont de leur côté affirmé la semaine dernière soutenir une proposition internationale de trêve humanitaire - ce à quoi l'armée n'a pas réagi  - mais ont intensifié leur offensive dans la grande région centrale et stratégique du Kordofan.

Le conflit au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué, selon l'ONU, la pire crise humanitaire au monde. 

Les experts redoutent une partition du pays, de facto divisé entre les zones tenues par l'armée, au nord, à l'est et au centre, et celles tenues par les FSR à l'ouest et au sud.

Avec AFP