La cour d'appel de Paris a rejeté la requête en nullité de Karim Benzema, visé par une enquête dans le cadre de l'affaire du chantage à la sextape de son coéquipier en bleu, Mathieu Valbuena. Une décision qui ouvre la voie à un éventuel procès.
L'attaquant du Real Madrid Karim Benzema n'est toujours pas tiré d'affaire : la justice a validé, jeudi 8 novembre, l'enquête dans l'affaire du chantage à la sextape de Mathieu Valbuena dans laquelle il est mis en examen, ouvrant ainsi la voie à un éventuel procès.
La cour d'appel de Paris a rejeté la requête en nullité du joueur du Real Madrid, dont la défense dénonçait les agissements d'un policier agissant sous couverture comme intermédiaire entre Mathieu Valbuena et les maîtres-chanteurs présumés.
Mais l'avocat de Karim Benzema, Me Sylvain Cormier, a aussitôt fait part de son souhait de se pourvoir en cassation : "Je crois qu'on a affaire à une cour d'appel qui a voulu faire de la résistance, comme ça arrive parfois", a-t-il déploré, dénonçant une "caricature de manœuvres déloyales" de la part des enquêteurs.
En juillet 2017, la Cour de cassation avait donné raison à la défense et annulé tout un pan de la procédure, affaiblissant l'enquête ouverte en 2015.
Le conseil de Mathieu Valbuena, Me Paul-Albert Iweins, a au contraire salué cette décision. "La procédure se poursuit, et je m'en réjouis pour M.Valbuena qui souhaite que la vérité judiciaire soit faite publiquement dans ce dossier", a-t-il déclaré.
Cette affaire, dans laquelle six personnes sont mises en examen, a coûté sa carrière internationale à Karim Benzema, plus jamais rappelé en Bleu depuis novembre 2015, tout comme Mathieu Valbuena, ancien joueur de l'Olympique de Marseille et de l'Olympique lyonnais et qui évolue aujourd'hui en Turquie, à Fenerbahçe.
Outre l'attaquant du Real Madrid, cinq autres personnes sont inculpées, dont l'ancien international Djibril Cissé. Les cerveaux présumés du chantage Mustapha Zouaoui et Axel Angot, gravitant dans le milieu du football, sont soupçonnés d'avoir dérobé la vidéo intime de Mathieu Valbuena et d'avoir ensuite essayé d'en tirer profit.
On leur reproche d'avoir tenté d'approcher Valbuena d'abord par le biais de Djibril Cissé, puis par celui de Younes Houass, un homme ayant lui aussi des contacts chez les footballeurs. Il est celui qui échangeait avec "Lukas", le policier agissant sous couverture. Selon sa défense, il n'a jamais eu la vidéo entre les mains et n'a jamais évoqué de sa propre initiative de question d'argent avec son interlocuteur.
Enfin, les maîtres-chanteurs présumés ont approché Valbuena grâce à Benzema en le contactant par le biais de son ami d'enfance, Karim Zenati, lui aussi mis en examen.
"Toute la procédure a été viciée"
Si Benzema n'a jamais été en contact direct avec "Lukas", son avocat avait invoqué à l'audience en octobre la théorie des "dominos" : "Si vous enlevez le début d'une enquête, si ses actes initiaux sont entachés d'irrégularités, eh bien l'ensemble doit tomber".
"Il était évident qu'il y avait des manipulations policières dans cette affaire et c'est dans ces conditions que toute la procédure a été viciée", a martelé à nouveau jeudi Me Cormier.
Pour son confrère Samim Bolaky, avocat de Younes Houass, "on reste dans le même entêtement judiciaire". "Aucune contrepartie financière, aucune menace, qui sont les éléments constitutifs de l'infraction de chantage, n'étaient évoqués avant l'intervention du policier", avait-il rappelé en octobre.
Son client a donc porté plainte contre X et contre l'enquêteur infiltré pour "faux et usage de faux". Une plainte parvenue mardi au parquet de Nanterre.
La décision de la cour d'appel "contraint tout le monde à aller devant la Cour de cassation. Si celle-ci confirme sa position de 2017, ça permettra à tout le monde d'en avoir terminé avec cette affaire", a déclaré Me Bolaky.
MeCormier, avocat de Benzema, a cependant déploré un rallongement de la procédure après cette décision. "Le dossier va être en suspens pendant plus d'un an", a-t-il estimé.
Avec AFP