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, envoyée spéciale à Kaboul – Le jour du vote, notre envoyée spéciale à Kaboul, Leela Jacinto, a croisé plus de soldats des différentes forces de sécurité que d’électeurs dans les rues de la capitale afghane.

On y est, c’est le jour J. Après une campagne agitée, les électeurs afghans se rendent aux urnes pour élire leur président pour la deuxième fois depuis la chute des Taliban en 2001. Et, comme promis, les insurgés font tout pour perturber le déroulement du scrutin.

La journée a commencé par une explosion à Kandahar, berceau du mouvement taliban.

À Kaboul, les insurgés sont attendus de pied ferme. Peu après l’ouverture des bureaux de vote, à 7 h (heure locale), des factions de soldats armés jusqu’aux dents issus de l'armée afghane, de la police afghane, des forces spéciales ou encore de la garde présidentielle quadrillent les rues désertes de la ville. 

Et ces derniers ne sont pas du genre à rigoler... Il faut une kyrielle de laissez-passer pour franchir les check-points installés devant les bâtiments officiels de la ville et finalement atteindre le bureau de vote de l’école Amani.

Le président Hamid Karzaï est lui-même à l’origine de cette paranoïa collective. Le chef de l’État sortant arrive peu après moi à l’école, comme un prince, suivi de sa cour et de sa garde, pour accomplir son devoir de citoyen.

Hamid Karzaï fait une déclaration rapide sur la paix et la sécurité devant la presse rassemblée autour de l’école, créée en 1924 et reconstruite par les Allemands en 2002. C’est alors qu’arrive un autre candidat, Sarwar Ahmedzai. Il paraît moins confiant que Karzaï.



Je lui demande s’il a déjà voté. Il me répond sèchement : "Oui, et pour moi". Ahmedzai est un “gomnaam”, comme on les appelle, un “petit” candidat inconnu du grand public. Ce matin, il est en colère : "Si la Commission électorale déclare Karzaï vainqueur, c’est qu’il y aura eu des fraudes. Nous ferons alors tout notre possible pour que l’élection soit annulée."

Heureusement que Masooda, une femme au foyer de 35 ans que j’ai rencontrée plus tard, ne l'a pas entendu, elle en serait malade. Mariée à un policier, c’est une inconditionnelle de Karzaï, dont elle loue "l’expérience et tout ce qu’il a fait pour l’Afghanistan".