
Alors que les recherches dans le lac Victoria se poursuivent, la Tanzanie a commencé à enterrer ses morts dimanche. L'enquête, elle, devra faire le tri dans les témoignages pour déterminer la cause exacte du naufrage.
La Tanzanie endeuillée a commencé, dimanche 23 septembre, à enterrer ses morts, trois jours après le naufrage d'un ferry sur le lac Victoria, qui a fait 224 morts selon un bilan encore provisoire.
Au cours d'une cérémonie sur l'île d'Ukara, au large de laquelle le ferry a chaviré, le Premier ministre, Kassim Majaliwa, a évoqué "une grand deuil pour la nation toute entière". Symboliquement, une dizaine de cercueils ont été placés dans des tombes individuelles, notamment ceux contenant des corps qui n'ont pu être identifiés. Les autres cercueils ont été mis en terre après la cérémonie ou avaient déjà été emmenés par des proches souhaitant des funérailles plus intimes.
Le travail de recherche des corps devrait s'est poursuivi dans le même temps. Dimanche, des plongeurs s'affairaient encore autour de la coque qui affleurait à quelques dizaines de mètres à peine de l'île d'Ukara, la destination finale du ferry.
Le gouverneur a annoncé qu'un "dispositif" permettant de "retourner" l'épave, et donc d'accélérer les recherches, était en chemin pour Ukara. "Nous attendons d'un moment à l'autre les spécialistes et le dispositif pour retourner le ferry. Ils ont promis de se mettre à l'œuvre dès leur arrivée", a expliqué John Mongella.
Déterminer le nombre exact de passagers
Le Premier ministre a communiqué les derniers chiffres disponibles : 224 morts - 126 femmes, 71 hommes, 17 filles et 10 garçons - et 41 rescapés, avant d'évoquer les causes de la catastrophe. Ce très lourd bilan dépasse largement la capacité théorique du MV Nyerere, qui n'était que de 101 passagers. L'enquête devra déterminer le nombre exact de personnes à bord du bateau au moment du drame, qui reste flou à ce stade.
Elle devra aussi faire la part entre les témoignages. Selon certains, des passagers se sont déplacés vers l'avant du navire à l'approche du débarcadère, et ce mouvement a déséquilibré le bateau. Selon d'autres, la personne à la barre, distraite par son téléphone portable, a raté la manœuvre d'approche et, souhaitant se rattraper, a effectué une manœuvre brutale qui a fait chavirer le ferry. Vendredi soir, le président tanzanien, John Magufuli, avait révélé que le capitaine, absent, avait laissé à la manœuvre un subordonné sans expérience.

La surcharge des embarcations est un facteur récurrent des catastrophes sur le plus grand lac d'Afrique, traversé par des navires vétustes, avec des autorités souvent peu regardantes sur la sécurité. En 1996, quelque 800 personnes, selon la Croix-Rouge, avaient trouvé la mort dans le naufrage du ferry Bukoba, surchargé de passagers, à quelques milles au large de Mwanza. Pour aggraver les choses, très peu de gens ont l'occasion d'apprendre à nager dans cette région du monde.
L'espoir de voir évoluer le nombre de rescapés est désormais quasi nul. Contre toute attente cependant, le machiniste a été extrait vivant de l'épave samedi à la mi-journée, après avoir survécu pendant près de deux jours dans un compartiment du navire encore rempli d'air, a indiqué un député local.
Avec AFP