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, envoyée spéciale à Kaboul – Les Afghans élisent ce jeudi leur président alors que les Taliban menacent de s'attaquer directement aux bureaux de vote. Une abstention massive due à la peur et au désenchantement fragiliserait encore un peu plus la jeune démocratie.

Les craintes d’attentats contre les bureaux de vote et de fraudes électorales s’accentuent alors que les Afghans se rendent aux urnes pour des élections présidentielle et régionales ce jeudi, à partir de 7 heures à Kaboul (4h30 GMT+2).

C’est la deuxième fois que les Afghans sont appelés à élire leur président depuis la chute du régime des Taliban en 2001, et la première fois que les élections sont organisées par les autorités afghanes, avec l’appui des Nations unies.

La campagne électorale a été ponctuée par les violences. Des attentats ont notamment frappé les troupes de l’Otan dans les zones hautement sécurisées de la capitale Kaboul. Les régions instables du sud et sud-est du pays ont également été le théâtre de nombreuses attaques des Taliban.

La veille du scrutin, le gouvernement afghan a interdit aux journalistes d’évoquer les violences pendant le scrutin, menaçant d'expulser les journalistes internationaux et de fermer les médias locaux qui passeraient outre son interdiction.

Les Taliban ont appelé au boycott du scrutin, menaçant encore dimanche dernier de s’attaquer aux bureaux de vote le jour de l’élection, et ce dans tout le pays . Ils ont renouvelé leurs menaces à deux jours du scrutin, déclarant que "personne ne devrait se laisser prendre à ce processus de dupes orchestré par les Américains".

Malgré ces menaces, de nombreux Afghans - en particulier ceux qui habitent les centres urbains plus sécurisés - semblent déterminés à voter. "Bien sûr que je vais voter. Toutes les femmes afghanes ont le droit de voter, qu’elles soient éduquées ou non", affirme Mahtab, une jeune Afghane de 27 ans qui vit à Kaboul.

La vraie question posée par ce scrutin est celle du taux de participation - en particulier dans les zones où l’insurrection talibane est très présente. Cette élection est considérée comme l’une des plus risquées au monde.

Les autorités électorales afghanes reconnaissent que huit des 364 circonscriptions électorales échappent totalement à leur contrôle et ont estimé, quelques jours avant le scrutin, que 12 % des bureaux de vote ne pourraient fonctionner normalement le jour des élections.

Dans un entretien accordé à FRANCE 24, le directeur de la commission électorale, Daoud Ali Najafi, a toutefois affirmé que les autorités tenteront d’ouvrir la totalité des bureaux de vote du pays. Il concède que cela sera particulièrement difficile dans plusieurs les régions du Helmand, de Paktika et aux alentours de la ville de Ghazni - dans le sud pashtoune. 

Près de 300 000 soldats afghans et internationaux ont été déployés dans le pays pour tenter de sécuriser le scrutin pour les 17 millions d’Afghans appelés à voter.

L’élection, dont l’organisation a coûté 223 millions de dollars, est un test crucial pour la récente démocratie afghane et le régime actuel, mis en place après le renversement en 2001 des Taliban.

Le président afghan Hamid Karzaï est le favori de ce scrutin, mais son principal opposant, l’ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, a mené une campagne redoutable. Ce dernier semble vouloir empêcher Karzaï de gagner au premier tour, et compte sur un éventuel deuxième tour qui pourrait être tenu six semaines plus tard, selon les autorités électorales.