La jeune Sud-Africaine Caster Semenya, qui a remportée mercredi la finale du 800 m dames, a failli se voir refuser le départ. L’IAAF s'est réuni quelques heures avant la course pour statuer…sur son identité sexuelle.
Inconnue il y a deux mois, la Sud-Africaine Caster Semenya, 18 ans, a créé la sensation mardi à Berlin en remportant haut la main sa demi-finale du 800 m. Mercredi, elle s'est imposée avec une large avance sur ses rivales pour devenir championne du monde.
Mais l’adolescente de Pretoria n’était pas loin de se voir refuser l’autorisation de défendre ses chances en finale. La Fédération internationale d’athlétisme, l’IAAF, indique dans son règlement que seules les concurrentes "entièrement féminines" ont le droit de s’engager dans les épreuves dames. Or, certaines personnes naissent avec des caractéristiques à la fois féminines et masculines. Semenya pourrait être dans ce cas.
Pour le moment, l’IAAF, "a effectué des tests physiques et une vérification des parties génitales pour déterminer le sexe de Semenya", mais les résultats de ces tests ne sont pas attendus avant plusieurs semaines. "Ces examens de vérification de sa féminité sont une procédure extrêmement complexe. Nous ne disposons d'aucun élément déterminant qui aboutirait au fait qu'elle ne soit pas autorisée à courir", a déclaré Nick Davies, porte-parole de l'IAAF. Les officiels ont donc décidé de la laisser participer à la finale, à seulement quelques heures du départ. La Sud-africaine pourrait toutefois être déclassée dans les semaines à venir si les tests révèlent qu'elle est plus masculine que féminine.
L’étude des parties intimes ne suffit pas
La frontière homme / femme est en effet plus difficile à identifier qu’on ne le croit. Il ne suffit pas de regarder l’entrejambe. Ross Tucker et Jonathan Dugas, tous deux chercheurs sud-africains en médecine du sport, ont consacré un long billet sur la controverse, qui fait rage depuis longtemps en Afrique du Sud, sur leur blog "The science of sport". Ils expliquent que "les parties intimes ne définissent pas le sexe d’une personne. Leur étude permet une distinction rudimentaire seulement, mais les caractéristiques masculines peuvent se développer en l’absence d’organe génital masculin".
Les deux chercheurs vont encore plus loin : "Même la génétique ne permet pas de faire la distinction. Il faut une approche multidisciplinaire. Pour réaliser un test fiable, il faut faire appel à des gynécologues, des psychologues, des généticiens et des endocrinologues."
Le précédent Stella Walsh
Le cas Semenya n’est pas le premier du genre à poser problèmes aux autorités de l’athlétisme mondial. Ainsi, la sprinteuse polonaise naturalisée américaine Stella Walsh courrait chez les dames, mais le rapport d’autopsie après sa mort, en 1988 dans une fusillade, concluait qu’elle était en réalité plutôt un homme. Hasard de l’Histoire, Stella Walsh avait été médaillée olympique en 1936, à Berlin, dans le même stade où Caster Semanya s’est révélée.