Plusieurs pays ont appelé, mardi, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, à ce que les militaires birmans responsables des exactions contre la minorité rohingya soient jugés. La Birmanie, elle, rejette les accusations de génocide.
Au lendemain d'accusations de "génocide" à l'encontre de la minorité rohingya en Birmanie, plusieurs pays, dont les États-Unis, ont réclamé, mardi 28 août, une justice internationale pour les responsables militaires birmans de la répression.
"Les faits de nettoyage ethnique contre les Rohingya doivent être décrits et entendus", a réclamé l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, lors d'une réunion du Conseil de sécurité prévue de longue date pour maintenir la pression sur la Birmanie. "Ici, au Conseil de sécurité, nous devons tenir pour responsables ceux qui sont à l'origine des violences", a-t-elle ajouté, sans parler de "génocide" ni détailler les recommandations des enquêteurs onusiens.
Dans leur rapport, ces derniers ont appelé le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale ou à créer un tribunal international ad hoc, comme pour le Rwanda ou l'ex-Yougoslavie.
Cate Blanchett évoque des "souffrances énormes"
Plusieurs autres membres du Conseil de sécurité – dont le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas, la Suède ou encore le Koweït – ont aussi demandé une justice internationale et la création d'un mécanisme pour "collecter et conserver des preuves" des exactions.
L'actrice australienne Cate Blanchett, ambassadrice de bonne volonté du Haut-Commissariat aux réfugiés et qui s'est rendue dans la région en mars, a évoqué plusieurs cas de Rohingya victimes d'atrocités et souligné l'importance d'une plus vaste mobilisation internationale face à des "souffrances énormes".
Cate Blanchett has added her voice to a chorus of condemnation of the Rohingya refugee crisis, urging the UN to take action. #9Today pic.twitter.com/Hh4lJ9v2F8
The Today Show (@TheTodayShow) 28 août 2018La Chine et la Russie, soutiens du régime birman et dotés d'un droit de veto, ont cependant indiqué préférer se concentrer sur "un dialogue" avec les autorités pour résoudre la crise et privilégier un "règlement bilatéral" entre le Bangladesh et la Birmanie. Pékin et Moscou ont réclamé d'engager rapidement le retour en Birmanie des exilés.
Guterres plaide pour une coopération internationale
Pour le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, "les conditions ne sont pas remplies pour un retour en sécurité, volontaire, digne et durable des réfugiés rohingyas dans leurs régions d'origine". "Les Rohingya restés dans l'État d'Arakan continuent d'être discriminés et marginalisés", a-t-il dénoncé. "Environ 130 000 Rohingya demeurent confinés dans des camps avec de sévères restrictions à leurs libertés de mouvement. Ils ont un accès extrêmement limité à la santé, à l'éducation et à d'autres services essentiels", a-t-il précisé.
"Une coopération internationale efficace sera essentielle pour garantir que les mises en responsabilité soient crédibles, transparentes, impartiales, indépendantes et conformes aux obligations internationales de la Birmanie", a aussi dit Antonio Guterres, sans parler de "génocide" ni se prononcer sur un tribunal international ou une saisie de la Cour pénale internationale.
L'ambassadeur birman auprès de l'ONU, Hau Do Suan, a rejeté les conclusions du rapport onusien et a mis en cause l'impartialité des enquêteurs. "Le moment choisi pour rendre public de manière hâtive ce rapport à la veille de la réunion du Conseil de sécurité soulève de sérieuses questions" alors que le document était attendu le 18 septembre, a-t-il relevé.
"Nous n'avons pas autorisé la MEF (Mission d'établissement des faits de l'ONU) à entrer en Birmanie, c'est pourquoi nous n'acceptons aucune résolution du Conseil des droits de l'Homme", a de son côté déclaré un porte-parole du gouvernement, Zaw Htay, selon le journal officiel birman, le Global New Light of Myanmar.
Avec AFP