
L'absence de femmes, de personnes racisées ou LGBT à l'écran se reflète aussi de l'autre côté de la caméra.
Plus diversifié, le cinéma ? Pas vraiment. Malgré les apparences, une étude réalisée par le think tank USC's Annenberg Inclusion Initiative, publiée en juillet et repérée par nos confrères de Mashable US, montre qu'il n'y avait pas plus de femmes, de personnes non-blanches, LGBT, handicapées ou âgées à l'écran en 2017 qu'en 2007.
Ces dernières années, les géants d'Hollywood semblaient s'être enfin décidés à mettre à l'honneur des protagonistes un peu plus représentatifs de notre société. On a vu apparaître en 2010 une première princesse noire dans le répertoire de Disney, un premier super-héros Marvel noir (et beaucoup de super-héroïnes) dans Black Panther, des films forts parlant d'homosexualité comme "120 battements par minute", grand prix du jury à Cannes en 2017. Mais en prenant un peu de recul, on s'aperçoit que tout n'est pas aussi rose parmi les films les plus populaires.
4 % de femmes non-blanches parmi les héros
L'étude de l'USC's Annenberg Inclusion Initiative s'est focalisée sur les tops 100 des œuvres les plus vues chaque année au cinéma, entre 2007 et 2017. Au total, cela représente 1 100 films, et 48 757 personnages – les figurantes et figurants n'étant pas comptabilisés.
En 2017, les femmes représentaient 31,8 % des personnages. Soit moins que certaines années comme 2008 et 2009. Lorsqu'on s'intéresse uniquement aux deux personnages principaux, ce ratio est de 33 % en 2017, de 5 % pour des femmes âgées de plus de 45 ans, et de seulement 4 % pour des femmes non-blanches.
Il y a tout de même une catégorie dans laquelle les femmes sont premières – et nous ne sommes pas sûrs qu'il faille s'en réjouir –, c’est du point de vue de la mise en avant de leur physique. En 2017, elles étaient ainsi 25,4 % à être montrées dénudées dans les films, soit plus de deux fois plus que les hommes. Et l’étude ajoute que les jeunes femmes âgées de 13 ans seulement à 20 sont aussi concernées que celles ayant entre 21 et 39 ans.
Pas vraiment de progrès sur la représentation des personnes racisées
Hollywood ne semble pas non plus avoir agi beaucoup en faveur de la représentation de personnes racisées. En 2017, 70,7 % des actrices et acteurs du top 100 étaient blancs, 12,1 % noirs, 6,2 % de type hispaniques, et 4,8 % de type asiatiques. Ces pourcentages étaient sensiblement les mêmes en 2007.
Par ailleurs, sur les 100 films étudiés, 20 ne comprenaient aucun rôle non-figurant joué par un individu noir.
Le rapport soulève également d'autres problématiques, comme la sous-représentation de la communauté LGBT. En 2017 sur un peu plus de 4 400 personnages, seuls 0,7 % étaient lesbiens, gays ou bisexuels. Cela ne bouge plus depuis 2014, date depuis laquelle les membres du think tank n'ont pu identifier qu'un seul personnage transgenre.
Des productions à l'image de ceux qui les dirigent
Ces chiffres ne doivent rien au hasard. Selon le rapport, ils seraient largement liés à l'absence de diversité derrière la caméra. Sur 1 584 producteurs, directeurs de castings ou scénaristes, en 2017, 81,7 % étaient des hommes par exemple. Or lorsqu'une femme dirige la production d'un film, le casting est plus égalitaire au niveau de la représentation de genres, explique le think tank.
Les discriminations dans le milieu du cinéma sont régulièrement dénoncées dans le milieu. Le mouvement #MeToo, notamment, a permis à des actrices de raconter le harcèlement sexuel qu'elles disent subir de la part d'hommes influents du milieu comme Harvey Weinstein. Deux ans plus tôt en 2016, c'était un autre hashtag, #OscarsSoWhite ["Oscars si blancs" en français], qui faisait bouger les choses concernant les représentations de minorités.
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