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Le procès des auteurs présumés de l'agression d'un couple dans leur appartement à Créteil en 2014 a ouvert mardi devant les assises du Val-de-Marne. La qualification antisémite a été retenue pour le cambriolage et le viol.
Le procès des hommes suspectés d’avoir agressé un homme juif et sa compagne dans leur appartement à Créteil en 2014 s'est ouvert mardi 26 juin au matin devant les assises du Val-de-Marne.
"Quatre ans après, c'est encore très douloureux. C'est votre vie qui est détruite", a déclaré Jonathan, 25 ans, l'une des victimes, drapeau français épinglé sur son costume, à son entrée dans le tribunal.
Dans le box, face à lui et à sa désormais ex-compagne Laurine, 23 ans, deux de leurs agresseurs présumés (le troisième est en fuite) étaient présents, avec deux complices, tous dans la petite vingtaine.
"Les Juifs, ça ne met pas d'argent à la banque"
Le 1er décembre 2014, ils s'étaient introduits de force chez le couple, cagoulés et munis d'une arme de poing et d'un fusil à canon scié.
Laurine et Jonathan avaient été malmenés, maintenus sur le canapé puis ligotés pendant que leurs agresseurs fouillaient l'appartement. Ils savaient que Jonathan et ses parents, avec qui il vit, sont juifs.
L'un des agresseurs avait appuyé son arme sur le front de Jonathan, lui demandant où était caché l'argent. "Me prends pas pour un con", a-t-il lancé quand Jonathan lui a répondu que ses parents gardaient sûrement leur argent sur un compte bancaire : "Les Juifs, ça ne met pas d'argent à la banque.
Plus tard, l'un des agresseurs s’était retrouvé seul avec la jeune femme dans une chambre, lui imposant des caresses sur la poitrine et une pénétration digitale.
Les agresseurs ont toujours nié avoir ciblé leurs victimes en raison de leur religion et attribuent les propos antisémites à l'accusé en fuite. Celui qui est renvoyé pour le viol de la jeune femme nie également les faits.
Dossier "instrumentalisé"
Au terme de l'enquête, la juge d'instruction avait abandonné le caractère antisémite, avant de le rétablir après appel du parquet. Des "revirements successifs" qui "démontrent la fragilité" d'un dossier "construit médiatiquement" et "instrumentalisé politiquement", avait alors dénoncé Me Marie Dosé, qui défend l'un des accusés.
"Ce crime n'est pas compréhensible sans la dimension antisémite", estime au contraire Patrick Klugman, l'un des avocats des victimes. "On part d'un préjugé juif = argent". "Aucun doute" non plus pour Jonathan. "J'espère qu'ils assumeront", a-t-il dit avant le début du procès.
L'agression avait provoqué l'émoi en France et poussé le gouvernement à ériger la lutte contre le racisme et l'antisémitisme en "cause nationale", en lançant un plan de sensibilisation de 100 millions d'euros.
Avec AFP