logo

Italie : devant le Sénat, Giuseppe Conte revendique une politique "populiste"

Lutte contre l'immigration, fin de l'austérité et levée des sanctions visant la Russie... Giuseppe Conte, le nouveau chef du gouvernement italien, a présenté les grandes lignes de sa politique devant le Sénat, qui lui a accordé sa confiance.

Le nouveau président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a obtenu, mardi 5 juin, la confiance du Sénat devant lequel il a exposé les grandes lignes de son programme de gouvernement, assurant notamment qu'il allait mettre fin au
"business" de l'immigration alimenté, selon lui, par une "solidarité de façade".

Le Sénat, où la coalition formée par le Mouvement 5 Étoiles (M5S) anti-système de Luigi di Maio et la Ligue d'extrême droite de Matteo Salvini a une majorité d'une dizaine de sièges, a voté la confiance par 171 voix pour et 117 voix contre sur les 320 élus.

"Si populisme signifie être capable d'écouter les besoins des personnes, alors nous le revendiquons", s'était défendu Giuseppe Conte quelques heures plus tôt lors de son discours de poltiique générale. Novice en politique, inconnu des Italiens il y a encore deux semaines, cet avocat de 53 ans a pris la tête, vendredi, du premier gouvernement populiste dans un pays fondateur de l'Union européenne. Flanqué de ses deux puissants vice-Premiers ministres, Luigi di Maio,  et Matteo Salvini, il avait d'emblée annoncé qu'il serait le "garant" du "contrat de gouvernement" signé entre ces deux "actionnaires majoritaires" de la coalition.

"Je suis un citoyen qui s'est déclaré disponible à assumer cette responsabilité de président du Conseil et à être garant du contrat du changement", avait-il déclaré, alors que nombre d'observateurs en Italie s'interrogent sur sa véritable autonomie. "Je suis conscient de la responsabilité que j'ai assumée, et bien conscient des prérogatives que la Constitution attribue au président du Conseil", avait-il assuré.

Guiseppe Conte a sans surprise confirmé les objectifs contenus dans le "contrat" de son gouvernement : réduction de la fiscalité, lutte contre l'immigration clandestine, revenu de citoyenneté (revenu d'insertion pour les plus pauvres) et renégociation de certaines règles européennes, à commencer par celles concernant le droit d'asile prévues dans l'accord de Dublin, qui fait peser l'essentiel de la charge de l'accueil des migrants aux pays en première ligne, comme l'Italie.

L'Italie a été laissée seule face à la crise migratoire, avait-il ainsi déploré, réclamant un système "automatique" et "obligatoire" de répartition des demandeurs d'asile. "Nous mettrons fin au ‘business’ de l'immigration, qui a augmenté de manière démesurée à l'ombre d'une fausse solidarité", avait-il ajouté, reprenant ainsi à son compte les thèses de Matteo Salvini, vice-Premier ministre détenant aussi le portefeuille stratégique de l'Intérieur.

"L'Europe est notre maison"

Très attendu sur les dossiers européens, Giuseppe Conte a affirmé que la dette colossale de l'Italie devait être réduite, mais par des politiques favorisant la croissance et l'emploi, et non par des mesures d'austérité, là encore conformément aux engagements du M5S, dont il est proche, et de la Ligue.

Il n'a en revanche pas donné de détail sur le financement des mesures prévues dans le "contrat de gouvernement", qui pourraient représenter plusieurs dizaines de milliards d’euros. Et s'il a confirmé la volonté de son gouvernement d'instaurer une "flat tax", un impôt sur le revenu à 15 % et 20 %, il n'a donné aucune date. Idem pour le revenu de citoyenneté.

"L'Europe est notre maison", avait-il aussi déclaré, revendiquant également l'appartenance de l'Italie à l'Alliance atlantique. Sur le plan diplomatique, Giuseppe Conte a également confirmé l'"ouverture" envers la Russie, que les deux forces politiques de la majorité ont toujours défendue. "Nous serons les promoteurs d'une révision du système de sanctions", avait-il dit devant les sénateurs, 24 heures après des déclarations du président russe Vladimir Poutine démentant toute volonté de "déstabiliser" ou de "diviser" l'Union européenne.

Avec AFP