Convoqué par le roi Abdallah II, le Premier ministre, Hani Mulqui, a présenté lundi sa démission. La Jordanie, pays le plus stable de la région, est agitée depuis plusieurs jours par la contestation sociale liée à un projet de loi fiscale.
Afin d'apaiser les tensions provoquées par la politique d'austérité, le Premier ministre jordanien, Hani Mulqi, a présenté lundi 4 juin sa démission au roi Abdallah II, selon une source gouvernementale interrogé par l'AFP.
Hani Mulqi était à la tête du gouvernement depuis mai 2016. Ces derniers jours, il est devenu l'objet de la vindicte populaire après des mesures dénoncées par la population, notamment un projet d'impôt sur les revenus et des hausses des prix du carburant et de l'électricité.
"Le roi Abdallah II a fait sauter son fusible", analyse Bruno Daroux, chroniqueur à france 24. "Maintenant, il se retrouve en première ligne."
"Le peuple veut la chute du gouvernement"
Dimanche soir, quelque 5 000 manifestants se sont rassemblés devant les locaux du Premier ministre à Amman, réclamant le départ de Hani Mulqi.
"Écoute-nous Mulqi, le peuple jordanien ne s'agenouillera pas", ont crié les manifestants, répétant en chœur "le peuple veut la chute du gouvernement".
Ces manifestations, les plus importantes en cinq ans, se déroulent depuis plusieurs jours, de nuit, à Amman et dans d'autres villes du royaume, selon des correspondants de l'AFP. Elles ont lieu en plein ramadan, mois de jeûne musulman durant lequel la vie nocturne est traditionnellement plus animée.
"Celui qui augmente les prix cherche à enflammer le pays", "nous sommes le peuple, nous sommes la ligne rouge" ou encore "peuple souverain, patrie souveraine", scandent les manifestants.
Un projet de loi fical imputé au FMI en cause
Le projet de loi fiscal contesté a été présenté sur les recommandations du Fonds monétaire international (FMI). Il prévoit une augmentation d'au moins 5 % des impôts pour les particuliers et impose désormais les personnes ayant un salaire annuel de 8 000 dinars (environ 9 700 euros). Les impôts des entreprises doivent eux augmenter de 20 à 40 %.
Le FMI a approuvé en 2016 une ligne de crédit de 723 millions de dollars sur trois ans pour le royaume. En contrepartie, Amman s'est engagé à mettre en place des réformes structurelles et à réduire progressivement sa dette publique à 77 % du PIB d'ici 2021, contre 94 % en 2015.
L'accueil de centaines de milliers de réfugiés syriens pèse également sur l'économie du pays, dépourvu de ressources naturelles.
Le roi Abdallah II a appelé samedi soir le gouvernement et le Parlement à "mener un dialogue national global et raisonnable à propos du projet de loi sur l'impôt", estimant "injuste que le citoyen paie seul les conséquences des réformes fiscales".
Avec AFP