À la une de la presse ce mardi 22 mai : la désignation de Giuseppe Conte par la Ligue et le Mouvement 5 étoiles comme chef du nouveau gouvernement italien, la mobilisation des fonctionnaires en France et l’arrestation de six militantes du droit des femmes à conduire en Arabie saoudite.
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À la une de la presse ce matin : la désignation par les dirigeants de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles de Giuseppe Conte pour diriger le nouveau gouvernement italien.
Matteo Salvini et Luigi di Maio se sont mis d'accord pour désigner ce juriste de 54 ans, dont le nom, totalement inconnu du grand public, doit encore être approuvé par Sergio Mattarella. C’est ce que rappelle Il Fatto Quotidiano, avec ce jeu de mots assez intraduisible : «Il conte senza l’oste» : les «Salvimaio», Matteo Salvini et Luigi di Maio, auraient fait leurs comptes sans l’aubergiste - entendez, sans le président de la République, qui demande, pour sa part, «un délai de réflexion». Le quotidien Libero, lui, a tranché : le gouvernement proposé par les populistes est trop à gauche : «Un gouvernement rouge ou rien», ironise le journal conservateur, qui affirme que Sergio Mattarella «ne fait pas confiance aux solutions proposées par Di Maio et Salvini» et qu’il ne fait pas confiance non plus au «premier majordome», désigné pour diriger l’exécutif. Il Manifesto n’est pas plus enthousiaste : «Il Conte del Grillo». D’après le quotidien communiste, Giuseppe Conte serait la créature de Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement 5 étoiles. «Ce gouvernement 5 étoiles se présente comme une formation innovante, mais il (serait) surtout vieux et malade, culturellement et politiquement», d’après le journal.
D’après Der Tagesspiegel, en Allemagne, les populistes italiens «mettent l’Europe en état d’alerte», notamment à cause de leur projet de mettre en place un revenu de base tout en réduisant les impôts, ce qui laisse envisager une augmentation du déficit italien. Une inquiétude partagée par le quotidien conservateur espagnol ABC, qui voit l’Italie «se lancer dans le vide». «Les radicaux de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles chargent un novice en politique d’appliquer leur recette europhobe et populiste».
Pas davantage de soutien du côté de la presse française. Italie «année zéro», titre Libération, en évoquant lui aussi «un programme qui inquiète l’Europe, jetant Rome dans l’inconnu». «Le bel idéal européen, moderne et généreux, démocratique et ouvert sur le monde, basé sur la paix et la prospérité pour tous, commence à avoir du plomb dans l’aile», s’inquiète Libé, qui appelle à une «réinvention» du projet commun, pour «redonner de l’espoir à tous ceux qui se sentent oubliés ou n’y croient plus». L’Italie a «succombé aux sirènes du populisme», envoyant «un signal préoccupant à un an des européennes», écrit Le Parisien, en assurant que l’UE «ne laissera pas tout faire», ni l’exclusion des francs-maçons du gouvernement, ni les dérapages anti-immigrés. «Y a pas de quoi se réjouir! Ç a va être ingérable!», s’alarme Emmanuel Macron dans le dessin de Kak pour L’Opinion. «C’est l’idée», répondent en chœur le patron des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, et celle du Front national, Marine Le Pen, qui vient de se féliciter des «perspectives époustouflantes» ouvertes, selon elle, par l’alliance des populistes italiens.
En France, les syndicats de fonctionnaires défilent aujourd’hui dans l’unité contre les réformes du gouvernement. «De la colère dans l’air», annonce 20 minutes, qui précise que les fonctionnaires «dénoncent la mise en cause de leur statut et l’incapacité du gouvernement à les entendre». Les «fonctionnaires unanimes contre la casse» : d’après L’Humanité, «si les syndicats se mobilisent, ce n’est pas seulement parce que les fonctionnaires perdent du pouvoir d’achat depuis des années», mais parce que «le malaise touche au sens même de l’action publique : doit-elle servir l’égalité et la justice ou bien (être) détournée au profit des oligarques?». «Quel cataclysme menace la fonction publique ?», interpelle Le Figaro. D’après le journal, la «fureur» viendrait surtout de (la) grande concertation (en cours pour) moderniser une administration dont les contours, les missions et les méthodes» (seraient) «les mêmes qu’au siècle dernier».
Celle-là date pour de bon du siècle dernier : en Arabie saoudite, l’interdiction faite aux femmes de conduire sera levée le 24 juin prochain. À un mois de l’entrée en vigueur du décret royal, six militantes saoudiennes du droit des femmes à conduire ainsi que trois hommes, sympathisants de leur mouvement, ont pourtant été arrêtés le 15 mai dernier, accusés de «saper l’unité nationale» et de porter «atteinte à la stabilité du pays», d’après Le Monde, qui parle d’un «paradoxe», d’ une «offensive du pouvoir» dont la raison (ne serait) pas «connue avec certitude». Le journal cite «la thèse la plus en vogue», selon laquelle «il s’agirait de s’assurer que ces femmes à la langue trop bien pendue ne puissent pas parler aux journalistes étrangers qui s’apprêtent débarquer dans le pays le 24 juin prochain». Le prince héritier Mohammed Ben Salman «ne veut laisser à personne d’autre que lui le mérite de cette mesure», suggère une féministe. «En d’autres termes : 'Conduis et tais-toi' » , résume Le Monde. Le prince héritier accorde aux femmes l’autorisation de conduire, «mais si elles demandent quoi que ce soit d’autre, elles iront droit en prison», prévient The Guardian. «L’Arabie saoudite assure qu’elle veut sérieusement se réformer, mais semble surtout chercher à maquiller une répression accrue».
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