
Une opération internationale a été menée mercredi et jeudi contre le réseau de propagande en ligne du groupe État islamique dans plusieurs pays, dont la Belgique, la France et le Royaume-Uni, a annoncé vendredi l'agence européenne de police, Europol.
Une opération policière internationale "sans précédent" a permis de paralyser les principaux organes de propagande en ligne du groupe État islamique (EI), s'est félicitée vendredi 27 avril l'agence européenne de police Europol.
"Nous avons porté un grand coup aux capacités de l'EI à propager sa propagande en ligne et à radicaliser les jeunes en Europe", a déclaré Rob Wainwright, le chef de l'agence européenne spécialisée dans la répression de la criminalité, dans un communiqué.
Coalition of 8 countries – Belgium, Bulgaria, Canada, France, the Netherlands, Romania, the United Kingdom and US – coordinated by #Europol took down the infrastructure used by the Islamist State to broadcast their terrorist propaganda #IS
Europol (@Europol) 27 avril 2018L'opération, grâce à la collaboration des polices américaine et européenne, s'est déroulée mercredi et jeudi et a particulièrement visé l'agence Amaq, utilisée par les islamistes radicaux pour revendiquer des attentats et propager leurs appels au jihad.
"Par cette action de démantèlement, visant les grands organes de l'EI dans le domaine des médias, comme Amaq, mais aussi la radio al-Bayan, les sites d'information Halumu et Nashir, la capacité de l'EI à propager et promouvoir son matériel terroriste est compromise", ajoute le communiqué.
Cependant, pour Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des réseaux jihadistes, il faut relativiser l'efficacité de l'action : "Moins de deux heures après l’annonce d’Europol, la communication de l’EI diffusait des communiqués Amaq et standard sur les combats contre l’armée syrienne au sud de Damas, puis une vidéo d’un attentat contre l’armée égyptienne au Sinaï, note-t-il. Donc, même si la communication du groupe a été perturbée et des données importantes ont été collectées par les services de différents pays, la capacité de diffuser des contenus et productions jihadistes n’a pas été pour l’heure altérée."
#EI 11:51 la com tjrs fonctionnelle malgré l’annonce d’Europol qui a certes perturbé le processus via des serveurs qui ne sont pas irremplaçables pic.twitter.com/CKnT8EdVKm
Wassim Nasr (@SimNasr) 27 avril 2018Un "effort coordonné"
L'opération a été dirigée par le procureur fédéral de Belgique tandis que les polices nationales ont saisi des serveurs aux Pays-Bas, au Canada et aux États-Unis, de même que du matériel numérique en Bulgarie, France et Roumanie. Des policiers belges, bulgares, canadiens, français, néerlandais, roumains, britanniques et américains ont collaboré à cet "effort coordonné destiné à empêcher l'EI de publier sa propagande terroriste pendant un temps indéterminé".
"L'objectif est de déstabiliser fortement l'appareil de propagande de l'EI et d'identifier et d'interpeller les administrateurs de ces serveurs en saisissant et en fermant les serveurs utilisés pour diffuser la propagande de l'EI", a précisé le parquet fédéral belge dans un communiqué.
À son apogée en 2015, quand le "califat" autoproclamé occupait en Syrie et Irak un territoire à peu près de la taille de l'Italie, les activités de propagande de l'EI étaient très diverses. Le groupe a longtemps été bien représenté sur Twitter, jusqu'à ce que de nouvelles règles conduisent à la fermeture de la plupart de ses comptes. L'organisation extrémiste mettait également en ligne des magazines en couleur, plein d'illustrations, de récits de combats, de prophéties apocalyptiques, de manuels de fabrication d'explosifs, de maniement d'armes et d'articles cherchant à persuader les musulmans du monde entier de rejoindre le "califat".
Les jihadistes avaient notamment utilisé leur agence Amaq en 2016 pour revendiquer des attaques au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde, dont les attentats meurtriers de Paris, Bruxelles, Barcelone et Berlin.
Avec AFP