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La Russie a soumis samedi au Conseil de sécurité une résolution condamnant les frappes occidentales en Syrie, mais sans succès. La France entend reprendre la main dans le processus diplomatique.

Sans surprise, le projet de résolution présenté samedi 14 avril par la Russie pour faire condamner les frappes aériennes conduites en Syrie, dans la nuit de vendredi à samedi, par les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, n'a pas été adopté par le Conseil de sécurité.

Parmi les membres du Conseil, seules la Russie, la Chine et la Bolivie ont voté en faveur du projet. Huit pays s'y sont opposés, tandis que quatre autres se sont abstenus (Pérou, Kazakhstan, Éthiopie et Guinée équatoriale).

Le projet de résolution russe avait pour but de "condamner l'agression commise contre la République arabe syrienne par les États-Unis et leurs alliés en violation du droit international et de la Charte des Nations unies". Pour être adopté, il aurait dû recueillir neuf voix en sa faveur, sans qu'aucun membre permanent du Conseil de sécurité (Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et États-Unis) n'y oppose son veto.

Un projet occidental de résolution

De leur côté, la France, les États-Unis et le Royaume-Uni ont remis samedi à leurs 12 partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution sur la Syrie à plusieurs facettes - chimique, humanitaire et politique -, incluant la création d'un nouveau mécanisme d'enquête sur l'emploi d'armes chimiques, selon des diplomates.

Les négociations sur ce texte, rédigé par la France, doivent débuter lundi, selon les mêmes sources. Aucune date pour une mise au vote n'est encore avancée, Paris voulant se donner le temps d'une "vraie négociation", selon une source diplomatique. C'est la première fois qu'un texte regroupant les aspects chimique, humanitaire et politique du conflit vieux de plus de sept ans est proposé au Conseil de sécurité.

Paris veut reprendre l’initiative diplomatique

La France entend capitaliser sur ces frappes aériennes et a annoncé vouloir reprendre des initiatives dès lundi au Conseil de sécurité à New York, ainsi qu'à Bruxelles lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères. "Nous allons tracer la feuille de route (vers un règlement pacifique) avec tous ceux qui le voudront", a déclaré le ministère des Affaires étrangères Jean Yves le Drian sur la chaîne de télévision TF1.

Paris semble vouloir agir au-delà du cadre du Conseil de sécurité de l'ONU. Le chef de la diplomatie allemande a annoncé que Berlin allait s'engager avec la France pour la mise en place d'"un format international de pays influents" afin de donner un nouvel élan au processus politique. La France souhaite continuer à dialoguer avec la Russie pour parvenir à "une solution politique", a souligné l'Élysée. La visite du président Emmanuel Macron prévue fin mai en Russie reste d'ailleurs programmée.

De son côté, l'Élysée a affirmé qu'Emmanuel Macron souhaitait "intensifier" dans les prochains jours la "concertation" avec la Turquie en vue de trouver une "solution politique inclusive en Syrie".

Une équipe de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) va poursuivre sa mission à Douma pour déterminer la nature exacte des armes employées, mais son rôle ne prévoit pas qu'elle identifie les auteurs de l'attaque.

Avec AFP