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SpaceX a envoyé dans l’espace une sorte de benne à ordure expérimentale

Un centre spatial britannique a conçu une sorte de camion-ordure de l'espace, utilisant un filet et un harpon pour attraper les débris spatiaux. Encore dans une phase expérimentale, le projet vient de décoller vers l'ISS.

Lundi 2 avril, SpaceX a envoyé une nouvelle fusée Falcon 9 vers la Station spatiale internationale pour une mission de ravitaillement. Celle-ci contenait une capsule Dragon – elle-même abritant presque 3 tonnes de nourriture  – qui a été récupérée avec succès, ce mercredi, par le bras robotique de l’ISS.

Un envoi réussi qui devient presque la routine pour SpaceX, puisque c’est la 14e mission CRS (Commercial Resupply Services) conduite par le constructeur aéronautique pour le compte de la NASA.

Sauf que la fusée Falcon 9 ne contenait pas que la capsule Dragon. À son bord, elle avait également embarqué un cargo moins conventionnel : un système expérimental nommé RemoveDEBRIS, qui aura pour mission d’essayer de nettoyer une partie de l’orbite terrestre.

Un gladiateur de l’espace contre les déchets

Mis au point par le Centre spatial de l’université britannique de Surrey (SCC) et parrainé par la Commission européenne, RemoveDEBRIS s’est amarré à la Station spatiale internationale à bord de la capsule Dragon. Il va prochainement être assemblé par les astronautes avant d’être déployé pour une série de tests.

Concrètement, RemoveDEBRIS est un petit camion-poubelle spatial d’environ un gros mètre cube qui a pour objectif de faire dériver l’orbite des débris pour les orienter vers la Terre afin qu’ils se consument. Pour cet essai, l’engin a emmené avec lui ses propres débris qu’il relâchera dans l’espace.

Dès lors, RemoveDEBRIS utilisera une sorte de filet et un harpon pour transpercer et attraper les objets, comme le montre la simulation ci-dessous. À la fin de sa mission, RemoveDEBRIS déploiera une grande voile de 10 m2 qui le conduira lui aussi à se consumer vers la Terre. Démonstration en images.

Le presque insoluble problème des débris spatiaux

On estime qu’en environ 50 ans de conquête spatiale, nous aurions accumulé 7 500 tonnes de déchets spatiaux. Ce qui devient un vrai problème, comme nous l’avons écrit à plusieurs reprises sur Mashable FR. La pollution de notre environnement orbital peut impacter nos satellites en raison des risques de collisions ou mettre en péril nos missions spatiales. Compliqué d’envoyer des fusées vers l’ISS s’il faut passer son temps à slalomer entre les débris. Il y a aussi le risque des chutes de déchets vers la Terre, comme nous l'avons récemment vu avec la station spatiale chinoise Tiangong-1.

En somme, les débris spatiaux sont un problème à moyen terme que les agences spatiales – qui ont tout de même mis en place des garde-fous, comme le désorbitage automatique au bout de 25 ans de service – et les États connaissent, mais qui peine à être pris à bras le corps.

Pourquoi ? Les raisons sont à la fois technologiques, financières et légales. Peu d’informations sur le coût d’un "nettoyage spatial global" sont disponibles. Slate avance la somme de 5 700 milliards d’euros pour nettoyer les 19 000 objets de plus de 10 cm dans l’atmosphère terrestre. À titre de comparaison, la mission RemoveDEBRIS n’a coûté "que" 16 millions d’euros. Quand à la question légale, il existe des gardes-fous mis en place par les États et leurs agences spatiales, mais ceux-ci ne sont pas réellement contraignant et n'envisagent pas la possibilité d'un nettoyage massif.

Enfin, vient la question technique. Le CNES avance plusieurs solutions, comme le retrait actif des débris, comme le propose la mission RemoveDEBRIS ou l'a fait une mission japonaise en 2016, par un engin envoyé depuis la Terre. On propose aussi d’attacher aux objets un câble électrodynamique de plusieurs kilomètres, qui créerait une force de Lorrentz s’opposant au mouvement en orbite du débris, venant le faire progressivement tomber sur Terre. D’autres solutions existent, parfois concrète et parfois prospective, mais, pour le moment, personne n’a trouvé la meilleure.

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