Moscou a notifié vendredi aux délégations diplomatiques occidentales sur son territoire des expulsions, décidées en réponse au renvoi d'agents russes dans le cadre de l'affaire Skripal. Quatre diplomates français sont notamment concernés.
Il s'agit de la plus importante vague d'expulsions de diplomates de l'Histoire. Le Kremlin a commencé, vendredi 30 mars, à prendre des mesures de rétorsion contre les pays occidentaux qui ont décidé la semaine dernière d'expulser des diplomates russes, dans le cadre de l'affaire Skripal.
Les ambassadeurs de 23 pays parmi lesquels la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie, le Canada et la Pologne ont été convoqués au ministère russe des Affaires étrangères, où ils se sont vu notifier les mesures d'expulsion prises à l'encontre de leurs diplomates.
"Il leur a été remis une note disant qu'en protestation aux accusations déraisonnables et aux expulsions de diplomates russes [...], la Russie déclare persona non grata le nombre correspondant d'employés diplomatiques", a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Moscou va notamment expulser quatre diplomates français, a indiqué, vendredi, le ministère français des Affaires étrangères. "La décision prise aujourd'hui par la Russie d'expulser quatre membres de l'ambassade de France en Russie ne nous a pas surpris. Nous ne pouvons que la regretter, et rappeler qu'à ce jour, la Russie a refusé d'apporter les éléments d'explications attendus s'agissant de l'attaque de Salisbury", dans le sud-ouest de l'Angleterre, a détaillé le Quai d'Orsay dans un communiqué.
"C''est une réponse symétrique à la sanction française", note Jean-Didier Revoin, correspondant de France 24 en Russie.
Moscou répond à l'identique, en expulsant le même nombre de diplomates russes expulsés par les pays occidentaux. Ainsi, quatre diplomates de l'Allemagne, du Canada, de la France et de la Pologne devront quitter le pays. Selon un décompte effectué par l'AFP, 58 diplomates seront expulsés de Russie après les mesures annoncées vendredi.
À cela s'ajoutent de nouvelles mesures contre Londres, qui a un mois pour réduire son personnel diplomatique en Russie au même nombre que celui des diplomates russes présents au Royaume-Uni.
Le 17 mars, Moscou avait déjà annoncé l'expulsion de 23 diplomates britanniques et ordonné la fermeture du British Council et du consulat britannique de Saint-Pétersbourg.
La "guerre diplomatique" s'envenime
Au total, plus de 140 diplomates russes en Europe, en Amérique du Nord, en Ukraine ou en Australie sont touchés par une mesure d'expulsion dans une action coordonnée en soutien à Londres.
Vendredi, la Russie s'est défendue d'être responsable de cette "guerre diplomatique" qui s'envenime. "Ce n'est pas la Russie qui a engagé une guerre diplomatique (...), ce n'est pas la Russie qui a initié un échange de sanctions ou un échange d'expulsion de diplomates", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Londres impute à la Russie l'empoisonnement le 4 mars au Royaume-Uni d'un ex-agent double russe, Sergueï Skripal, et de sa fille Ioulia avec un agent neurotoxique.
La Russie a maintes fois clamé son innocence et accuse Londres de ne "pas vouloir entendre les réponses" de Moscou. "Pour rétablir la vérité", le Kremlin a demandé la convocation d'"une session extraordinaire du Conseil exécutif de l'OIAC (l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques)", a indiqué Sergueï Lavrov, appelant les Occidentaux à avoir "une conversation honnête" avec Moscou. Un refus "serait une confirmation de plus que tout ce qui se passe n'est qu'une grossière provocation", a-t-il affirmé.
Avec AFP et Reuters