L'exposition "Le Louvre à Téhéran" a été inaugurée le 5 mars au musée national d'Iran par le ministre français des Affaires étrangères. Au total, 53 œuvres du musée parisien sont prêtées jusqu'au 8 juin à la République islamique.
C'est un projet qui se tramait depuis des années. Plus de cinquante œuvres du musée du Louvre ont pris leurs quartiers au musée national d’Iran, à Téhéran, qui abrite une grande partie de l’héritage de la civilisation perse, pour une durée de trois mois. À l’occasion de l’exposition "Le Louvre à Téhéran", inaugurée le 5 mars, certaines pièces majeures du musée ont fait le voyage de Paris à Téhéran. Parmi elles, une statue de Marc Aurèle datant du IIe siècle après Jésus Christ, ou encore le Sphinx royal au nom du pharaon Hachoris .
Sous les cloches de verres du musée national iranien, il n’y a donc pas que des antiquités perses. "Le directeur du musée a insisté pour l’envoi d’antiquités égyptiennes, car c’est une période qui fascine les Iraniens, et au cours de laquelle les deux pays échangeaient – en témoigne une statue du roi Darius réalisée en Égypte. Actuellement, les relations n’étant pas excellentes entre l’Iran et l’Égypte, c’était un moyen de leur en faciliter l’accès", explique Marielle Pic, directrice du département des antiquités orientales au Louvre à Paris.
La diplomatie culturelle
C’est la première exposition de grande ampleur d’un musée occidental en Iran. Pour cela, il a fallu négocier. La signature de l’accord sur le nucléaire iranien en juillet 2015 a accéléré le processus.
"Les relations entre l’Iran et le Louvre ont été rompues en 2008. Puis en 2015 j’ai obtenu un visa pour l’Iran, le premier pour un membre de l’équipe du musée depuis sept ans. Les Iraniens nous ont dit qu’il fallait illustrer l’accord nucléaire avec une exposition à Téhéran", explique Yannick Lintz, directrice du département des Arts de l’islam au musée du Louvre à Paris. Depuis, il aura fallu pas moins de trente allers-retours entre Paris et Téhéran pour mettre sur pied cette exposition historique. L’accord de coopération a été signé en janvier 2016, lorsque le président iranien Hassan Rohani s’est rendu en visite officielle en France. "Cela fait des années que les Iraniens attendent cette exposition, mais il fallait au préalable que les relations diplomatiques soient rétablies", explique Yannick Lintz.
La culture comme passerelle, c’est ce que mettent en avant le Louvre comme le musée national iranien. "Cette exposition ce n’est pas dans dix ans qu’il fallait la faire, c’est maintenant", sourit Yannick Lintz, qui ne cache pas sa fierté de voir tous ces efforts aboutir. "Même pendant la période de rupture, nous avons toujours essayé de travailler avec l’Iran, via des collaborations artistiques et des invitations au Louvre", renchérit Marielle Pic. Le choix des 53 œuvres s’est fait en coopération entre les équipes du Louvre et les autorités culturelles iraniennes. Une sélection rigoureuse composant avec la censure en Iran. Depuis 1979 en effet, les œuvres d’art représentant, entre autres, des nus ou encore des scènes d’amour trop explicites, ne peuvent y être exposées.