Le président Mahmoud Ahmadinejad a prononcé un discours d'investiture enflammé après avoir prêté serment devant le Parlement. A l'extérieur, la police anti-émeute et les bassidjis ont dispersé des centaines de manifestants de l'opposition.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a prêté serment pour un deuxième mandat lors d’une cérémonie devant le Parlement ce mercredi. Plusieurs centaines de manifestants s’étaient rassemblés autour du bâtiment protégé par une forte présence policière.
Dans son discours d’investiture, le président a promis "le début de changements importants en Iran et dans le monde" et a fustigé les gouvernements occidentaux comme la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne qui refusent de le féliciter pour sa réélection. "Cela signifie qu’ils veulent la démocratie seulement pour leurs propres intérêts et ne respectent pas les droits des peuples. Sachez qu’en Iran, personne n’attend vos messages de félicitations", a-t-il lancé. "Nous résisterons face aux [pays] oppresseurs et nous allons continuer à agir pour changer les mécanismes discriminatoires dans le monde, au bénéfice de toutes les nations", a ajouté Ahmadinejad.
La veille, le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, a précisé que les Etats-Unis reconnaissaient Mahmoud Ahmadinejad en tant que "dirigeant élu" des Iraniens, mais que les Américains avaient choisi de ne pas le féliciter à cause des violences infligées à l’opposition depuis sa réélection.
Nouvelles arrestations de manifestants
Des centaines de policiers anti-émeute et de membres des milices islamistes bassidjis étaient déployés à proximité du Parlement pour dissuader tout rassemblement, ce qui n’a pas empêché plusieurs centaines de partisans du leader d’opposition Mir Hossein Moussavi de manifester autour du bâtiment en scandant des slogans contre le régime. Selon des témoins, la police aurait dispersé la foule avec du gaz lacrimogène, et au moins un manifestant aurait été arrêté.
L’Iran est plongé dans une violente crise politique depuis la réélection de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin. Au moins vingt personnes ont été tuées et près de 2 000 opposants arrêtés lors des manifestations monstres contre le régime. Plus d’une centaine de personnes sont jugées collectivement par le tribunal révolutionnaire de Téhéran pour "atteinte à la sécurité de l’Etat" dans un procès qualifié de "mascarade" par l’opposition.
La pire crise politique depuis la révolution islamique de 1979
Des dirigeants modérés du pays, dont les anciens présidents Mohammad Khatami et Akbar Hashémi Rafsandjani, étaient absents de la cérémonie. Ils avaient également boycotté la cérémonie de confirmation d’Ahmadinejad lundi par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. Les leaders de l’opposition réclament toujours l’annulation de l’élection pour fraude et le journal d’opposition Etemad Melli a laissé entendre que de nombreux opposants considéreront le gouvernement comme "illégitime". Fait rarissime, cette position défie ouvertement celle du guide suprême Ali Khamenei, qui soutient Ahmadinejad et a validé le résultat du scrutin.
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Après la cérémonie, Ahmadinejad disposera de deux semaines pour présenter les membres de son nouveau gouvernement aux députés en vue d’obtenir un vote de confiance. Sous pression de l’aile conservatrice de son parti, il a déjà été contraint de se séparer de celui qu'il souhaitait nommer premier vice-président, Esfandiar Rahim Mashaie. "Selon la loi iranienne, le vote intervient pour chaque candidat et non pour le gouvernement dans son ensemble, explique Siavosh Ghazi, correspondant pour l'AFP à Téhéran. Déjà il y a quatre ans, plusieurs candidats présentés avaient été rejetés. Il se peut que cette fois-ci aussi, il y ait des rejets."
La réélection d’Ahmadinejad signifie un regain de tensions entre l’Iran et l’Occident au sujet du programme nucléaire iranien auquel le président jure de ne pas renoncer. Les Etats-Unis et ses alliés européens accusent l’Iran de vouloir développer une bombe nucléaire, ce que Téhéran nie.