En fondant, le permafrost pourrait libérer des quantités inédites de carbone et de méthane, menaçant gravement l'équilibre de la planète.
Le permafrost est parfois appelé "bombe à retardement". Sous l’Arctique, dans le nord de l’Alaska ou en Sibérie, la fonte des glaces menace l’équilibre de ces sols gelés qui pourraient libérer du méthane et du carbone en quantités impressionnantes. La libération de ces gaz aurait un effet dévastateur sur la planète.
Les grandes étendues gelées qui recouvrent les pôles Nord et Sud de la Terre fondent vite. Très vite. Chaque année, c’est par centaines de milliards de tonnes que les glaces des calottes polaires se transfèrent dans les océans, selon le rapport annuel "L’État du climat", rédigé en 2015 par quelque 450 scientifiques.
Parmi les nombreux problèmes que soulève cet état climatique, la question du permafrost – ou pergélisol – est une des plus épineuses. En dégelant, ces étendues glacées du grand Nord, enfouies sous des mètres de glace, pourraient libérer de grandes quantités de gaz à effet de serre faisant augmenter le température terrestre de plusieurs degrés.
Comment, pourquoi ? En réalité, dans le permafost sont congelés les restes de plantes et d'animaux très anciens, ayant vécu il y a des milliers d’années, voire des dizaines de milliers d’années. Si ces restes, ces os, ces fossiles et ces débris dégèlent en quantité suffisante, ils fermenteront et libéreront le carbone et le méthane dans l’atmosphère. Problème : personne n’est en mesure de connaître précisément la quantité de gaz que le permafrost du monde entier pourrait libérer.
La lutte contre la fonte du permafrost
Le site web de la NPR, la radio publique nationale des États-Unis, vient de publier un reportage poignant à ce sujet. La journaliste Michaeleen Doucleff raconte qu’elle s’est rendue dans le nord de l’Alaska, près de Fairbanks, au fin fond d’un bâtiment de recherche scientifique tenu par l’armée américaine. Nommé Permafrost Tunnel Research Facility, ce laboratoire de recherche sur le permafrost est un immense tunnel creusé en 1968 et plongeant à plus de 120 mètres sous le sol.
Elle a été reçue par le docteur Thomas Douglas de l’Arctic Research Consortium of the United States (ARCUS), une organisation non-gouvernementale. Celui-ci lui a expliqué, en montrant les nombreux restes de mammouths, de rhinocéros ou de créatures mortes depuis 25 000 ans, que le permafrost actuellement enfoui sous Terre contient "deux fois plus de carbone que ce qu’il y a dans l’atmosphère" et pourrait ainsi libérer, à terme, "1 600 milliards de tonnes métriques" de gaz.
Le phénomène de fonte du permafrost ne fait que commencer. En décembre 2017, Arte diffusait un documentaire de Barbara Lohar racontant l'histoire d'un géophysicien russe cherchant à recréer un écosystème proche de celui du Pléistocène, l'âge de glace, pour empêcher le permafrost de fondre en Sibérie. Et éviter ainsi que le permafrost ne rejette massivement du gaz à effet de serre, fasse réapparaître des maladies éradiquées ou menace des villes de s'effondrer, comme le craint l'International Permafrost Association.
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