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Syrie-Turquie : Erdogan veut "tuer dans l'œuf" la force frontalière parrainée par Washington

Le président turc voit d'un très mauvais œil la création à la frontière turco-syrienne de la force que Washington souhaite créer avec l'aide des combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS).

Recep Tayyip Erdogan a menacé, lundi 15 janvier, de "tuer dans l'œuf" la force frontalière que Washington souhaite créer en Syrie avec, dans ses rangs, des combattants kurdes, qu'Ankara considère comme "terroristes".

"L'Amérique a avoué qu'elle était en train de constituer une armée terroriste à notre frontière. Ce qui nous revient, à nous autres, c'est de tuer dans l'œuf cette armée terroriste", a lancé le chef de l’État turc lors d'un discours enflammé à Ankara.

La coalition emmenée par Washington pour lutter contre le groupe État islamique (EI) avait annoncé dimanche la création de cette "Force de sécurité frontalière", mise sur pied en partenariat avec des combattants kurdes et arabes. L'objectif est "d'empêcher la résurgence de l'EI", selon la coalition, qui soutient militairement en Syrie les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS).

Une force de 30 000 hommes

La force frontalière de 30 000 hommes, qui se constituera "au cours des prochaines années", selon la coalition, sera composée à moitié par des membres des FDS et le reste des effectifs seront de nouvelles recrues.

Les FDS sont dominées par les Unités de protection du peuple kurde (YPG), une milice kurde considérée par la Turquie comme l'extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation kurde qui livre une sanglante guérilla contre Ankara depuis 1984.

Le porte-parole du gouvernement turc, Bekir Bozdag, a accusé lundi les États-Unis de "jouer avec le feu" en constituant cette force frontalière. Recep Tayyip Erdogan a affirmé que les forces armées turques étaient "prêtes" à lancer une opération "à tout moment" contre les bastions des YPG à Afrine et Minbej, dans le nord de la Syrie.

La Turquie a lancé une première offensive dans le nord de la Syrie en août 2016 pour repousser vers le sud les jihadistes de l'EI, mais également pour contrer l'expansion territoriale des milices kurdes. Si la Turquie voit les YPG comme des "terroristes", les États-Unis considèrent cette force comme l'une des plus efficaces pour combattre l'EI au sol dans le nord de la Syrie.

Appuyées par l'aviation de la coalition internationale, les FDS ont ainsi été le fer de lance de la prise l'an dernier de Raqqa, fief de l'EI dans le nord de la Syrie. Cette divergence de vues au sujet des milices kurdes a fortement contribué à tendre les relations entre la Turquie et les États-Unis, pourtant alliés au sein de l'Otan.

Avec AFP